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Isarphilharmonie
02/01/2024 -  et 2* février 2024
Hector Berlioz : Roméo et Juliette, opus 17 (extraits)
Claude Debussy : Jeux
Charles Koechlin : Les Bandar‑Log, opus 176
Maurice Ravel : La Valse

Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, Sir Simon Rattle (direction)


S. Rattle (© Astrid Ackermann)


Pour un orchestre français (ou suisse), aller de Berlioz à Ravel en passant par Debussy et la rareté que représente la musique de Koechlin serait un parcours « classique ». Pour ces ensembles, trouver les couleurs et les équilibres que demande la musique d’Europe centrale est bien plus délicat.


C’est un peu l’opposé pour l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise, connu avant tout pour ses interprétations des œuvres de Haydn, Mozart, Beethoven, Brahms, Mahler et Bruckner. L’expérience a montré que les fois où cet ensemble s’est aventuré dans des œuvres de compositeurs comme Sibelius ou Debussy, il a une certaine tendance à appliquer les styles des orchestres allemands.


Mais Sir Simon Rattle est très familier de ce répertoire français. Il y a ainsi dans les interprétations qu’il donne un souci de précision, une recherche d’équilibres et de textures qui laisse deviner le travail effectué pour cette soirée. On peut ainsi apprécier le détaché des cordes dans le Scherzo de Roméo et Juliette de Berlioz. La mise en place et la clarté obtenues dans les redoutables Jeux de Debussy sont de premier ordre. La rareté que sont les Bandar‑Log de Koechlin, pochade qui nous donne au milieu une fugue de basson, tuba et contrebasse sur un thème qui rappelle la comptine J’ai du bon tabac, est pleine d’esprit et on se surprend d’entendre des couleurs qui évoquent la musique de Stravinsky. La brillance de l’orchestration de La Valse de Ravel est flamboyante.


Mais ici et là, il est possible de retrouver une certaine tentation des musiciens de revenir à des styles qu’ils connaissent bien. Certain tuttis chez Berlioz privilégient le pupitre des cuivres comme ce serait le cas chez un Strauss. Les bois sont parfois un peu en retrait dans le Debussy. Quant au Ravel, l’apollinien est privilégie dans une pièce où on pourrait demander beaucoup plus de fièvre et de caractère dionysiaque.


On peut deviner que ce programme n’a pas été choisi par hasard mais pour entamer un travail d’approfondissement et de renouvellement du son de l’orchestre. Il y a beaucoup de travail et comme toujours à un niveau très élevé mais on ne change pas la personnalité et le style d’un ensemble en une seule soirée. Il sera passionnant de voir comment chef et musiciens vont évoluer au fil des saisons.



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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