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Pâle copie Paris Palais Garnier 01/20/2024 - et 23, 25, 27, 30 janvier, 2, 4, 8, 10, 12, 14, 16 février 2024 Georg Friedrich Haendel : Giulio Cesare, HWV 17 Gaëlle Arquez (Giulio Cesare), Wiebke Lehmkuhl (Cornelia), Emily d’Angelo (Sesto), Lisette Oropesa (Cleopatra), Iestyn Davies (Tolomeo), Luca Pisaroni (Achilla), Rémy Brès (Nireno), Adrien Mathonat (Curio)
Chœur Unikanti, Gaël Darchen (chef de chœur), Orchestre de l’Opéra national de Paris, Harry Bicket (direction musicale)
Laurent Pelly (mise en scène), Chantal Thomas (costumes), Joël Adam (lumières), Agathe Mélinand (dramaturgie)
(© Vincent Pontet/Opéra national de Paris)
Reprise au Palais Garnier de la production de l’opéra seria Jules César signée Laurent Pelly pour l’Opéra de Paris avec une distribution plus pâle qu’en 2011.
Si cette reprise nous a paru une pâle copie du souvenir que nous avions gardé en 2011 – ce n’est de loin, avec sa transposition dans les remises du musée du Caire, pas le meilleur spectacle signé par Laurent Pelly et Chantal Thomas – c’est peut-être parce qu’elle n’a pas été reprise par lui mais par Laurie Feldman. D’où, avec une direction d’acteurs plus relâchée, une impression d’absence de vie dans la succession des tableaux qui n’en font guère une action continue. Aussi, car la distribution était à l’époque brillante avec une Natalie Dessay au somment de ses moyens et ayant d’emblée placé Cléopâtre au nombre de ses meilleures incarnations, ainsi que Lawrence Zazzo, Dominique Visse et Christophe Dumaux.
Très honorable, la distribution 2024 se situe quelques crans en dessous. La soprano américaine Lisette Oropesa assure certes avec brio le rôle redoutable de la reine d’Egypte et Gaëlle Arquez celui de Jules César sans en avoir vraiment la tessiture – car le registre grave lui joue souvent des tours – ni l’art de la vocalise parfaite. On est surpris d’y retrouver Wiebke Lehmkuhl, qui a chanté à Bastille tant de rôles wagnériens, mais la surprise est bonne car elle met au service du rôle de Cornelia un timbre très chaleureux et une grande intensité dramatique. De même, la mezzo canadienne Emily d’Angelo, ardent Sesto mais si gauche scéniquement. Dans les rôles secondaires, Luca Pisaroni, qui surjoue un peu Achilla, expose les usures du temps sur sa voix. Le contre‑ténor anglais Iestyn Davies surjoue beaucoup aussi Tolemeo, mais son incarnation vocale est parfaite.
Mais enfin et surtout on ne peut qu’être déçu de l’option d’avoir réservé la partie orchestrale à l’orchestre maison après que tant d’opéras baroques ont été confiés à des ensembles experts, celui du Concert d’Astrée pour la naissance de cette production. Le chef britannique Harry Bicket, qui a déjà déçu la saison précédente dans Ariodante, dirige d’une façon monotone, sans une grande originalité dans les tempi, l’orchestre sonne très épais et n’est pas toujours irréprochable (le solo de cor était entaché de quelques couacs) : tout cela n’a pas contribué à alléger l’atmosphère de cette reprise dans un Palais Garnier plein à ras bord et jouant à guichets fermés ces douze représentations avec un grand triomphe public pour cette première soirée.
Olivier Brunel
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