Back
En demi-teinte Liège Opéra royal de Wallonie 12/19/2023 - et 21, 23, 28, 30*, 31 décembre 2023 Wolfgang Amadeus Mozart : Die Zauberflöte, K. 620 Giulio Pelligra (Tamino), Tanja Kuhn (Pamina), Lucie Kankova (Die Königin der Nacht), Aleksei Kulagin (Sarastro), Paul-Armin Edelmann (Papageno), Adèle Lorenzi (Papagena), Olivier Trommenschlager (Monostatos), Dusica Bijelic (Erste Dame), Julie Bailly (Zweite Dame), Marie-Juliette Ghazarian (Dritte Dame), Roger Joakim (Der Sprecher), Jules-César Murengezi (Zweiter Priester, Geharnischter), Bruno Resende (Erste Priester, Geharnischter)
Chœurs de l’Opéra royal de Wallonie-Liège, Denis Segond (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra royal de Wallonie-Liège, Christopher Franklin (direction musicale)
Cécile Roussat, Julien Lubek (mise en scène, chorégraphie, lumières, décors), Elodie Monet (décors), Sylvie Skinazi (costumes)
(© ORW-Liège/Jonathan Berger)
L’Opéra royal de Wallonie reprend de nouveau la production de La Flûte enchantée (1791) créée sous le chapiteau durant les travaux et remontée à la même époque en 2015. Un spectacle de fin d’année pour toute la famille : respectueux de l’esprit de la pièce, Cécile Roussat et Julien Lubek ont conçu le singspiel comme un conte. Cette mise en scène onirique, pleine de fantaisie et joliment colorée, se situe donc à des années-lumière de celle, extrême, de Romeo Castellucci à la Monnaie. La revoir ne réserve toutefois plus autant de surprises, même si l’une ou l’autre effet visuel nous avait échappé la première fois. La vitalité théâtrale laisse aussi un peu à désirer, un reproche déjà formulé il y a huit ans, mais les différents personnages se détachent, et le spectacle ne manque ni d’imagination, ni de finesse, ni même de poésie. Même si elle semble par moments un peu à l’étroit sur le plateau, cette mise en scène bien rodée se déroule avec une certaine légèreté. Notre appréciation rejoint donc celle de notre compte rendu de l’époque, bien que certains costumes, notamment celui de la Reine de la nuit, nous paraissent aujourd’hui d’un goût discutable. Nous espérons plus d’audace et d’originalité pour une autre Flûte enchantée à Liège.
Cette production réunit des chanteurs d’un assez bon niveau parmi lesquels ne figure aucun maillon faible, mais aucune grande révélation non plus. Distribuer Tamino à Giulio Pelligra constitue un choix pertinent : ce ténor possède une voix adéquate pour ce rôle qu’il chante avec style – soin du phrasé, de l’émission – et conviction. La voix de Tanja Kuhn suscite aussi quelque intérêt mais le chant peine à s’épanouir pleinement. Cette Pamina manque ainsi de fraîcheur et de raffinement, peut‑être en raison d’une méforme passagère. De Lucie Kankova, il n’y a rien de plus à retenir que sa capacité à darder ses aigus en Reine de la nuit. Quant à Aleksei Kulagin, il ne descend pas assez dans les graves, malgré sa tessiture de basse. Ce Sarastro impressionne – vocalement, du moins – assez peu.
Bon comédien, Paul-Armin Edelmann répond mieux, à tous points de vue, aux exigences du rôle de Papageno, tandis qu’Adèle Lorenzi, remarquable en Papagena, met en exergue une voix plaisante et pleine de potentiel. Dans cette production, Monostatos ressemble à un Quasimodo à la Dickens : Olivier Trommenschlager réussit la composition de son personnage. Dusica Bijelic, Julie Bailly et Marie-Juliette Ghazarian constituent un solide et réjouissant trio de dames, et trois talentueuses jeunes filles de la Maîtrise attirent positivement l’attention dans les parties réservées aux trois garçons. Fidèle au poste, Roger Joakim se charge encore une fois du rôle de l’Orateur, sans vraiment marquer les esprits, tandis que deux membres des chœurs, Jules-César Murengezi et Bruno Silva Resende, complètent soigneusement la distribution en prêtres. Direction, enfin, rigoureuse, mais routinière, de Christopher Franklin : jouant cette musique géniale avec suffisamment de vitalité, l’orchestre pourrait encore gagner en effervescence. Bilan en demi‑teinte, donc, pour cette reprise. Nous attendons bien plus de la nouvelle production de Rusalka, du 25 janvier au 4 février.
Sébastien Foucart
|