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Atmosphères Bruxelles Les Brigittines 12/02/2023 - Győrgy Ligeti : Quatuor n° 1 « Métamorphoses nocturnes »
Philippe Boesmans : Quatuor n° 2 « Summer Dreams »
Leos Janácek : Quatuor n° 2 « Listy důvěrné » Quatuor Tana : Antoine Maisonhaute, Ivan Lebrun (violon), Takumi Nozawa (alto), Jeanne Maisonhaute (violoncelle)
I. Lebrun, J. Maisonhaute, A. Maisonhaute, T. Nozawa (© Nathalie Gabay)
Actif dans la musique contemporaine depuis bientôt vingt ans, le Quatuor Tana joue aux Brigittines, chapelle reconvertie en salle de spectacle, un programme qui ne comporte que des compositeurs morts, dont l’un l’année dernière. Un point commun – au moins – relie les trois œuvres au programme : toutes sont connues par un sous‑titre. Et toutes sont présentées, avec humour, par le premier violon, Antoine Maisonhaute.
Cette formation assied sa réputation sur son exploration du son, ce que confirme son exécution finalement élaborée du Premier Quatuor « Métamorphoses nocturnes » (1953‑ 1954) de Ligeti. Malgré l’attention portée sur ce paramètre, elle ne néglige pas pour autant la précision de la mise en place, la clarté de l’intention et le rendu de l’expression. Cette exécution de haut niveau confère une cohérence à cette œuvre formée de brefs fragments et suscite l’intérêt d’entendre ces interprètes dans les Quatuors de Bartók ou dans les œuvres que Berg a composées pour cette formation.
Les sonorités développées par cet ensemble, parfois presque impalpables, possèdent un incontestable pouvoir d’évocation, qualité indispensable pour bien rendre une œuvre telle que Summer Dreams (1994), le second quatuor de Boesmans. Le Quatuor Tana restitue avec imagination, mais aussi fidélité, le ton et les couleurs immédiatement reconnaissables de la musique du compositeur. Grâce à un jeu vif et limpide, et à une lecture approfondie et sensible de cette spirituelle partition, l’écoute de ces sept pièces d’orfèvrerie donne entière satisfaction.
La troisième œuvre, la plus ancienne, bénéficie d’une lecture tout aussi juste et maîtrisée. Le Quatuor Tana livre une interprétation détaillée et irréprochable, tant sur le fond que sur la forme, du Second Quatuor « Lettres intimes » (1928) de Janácek. Celle‑ci combine – preuve d’un métier supérieur – émotion et rigueur, avec ce qu’il faut de lyrisme et de tranchant, les inflexions traduisant remarquablement le geste créatif si caractéristique de cette musique.
Les interprètes remercient le public, qui a totalement rempli la salle, avec un extrait du Neuvième Quatuor de Philip Glass qu’ils ont créé, dans la capitale, en janvier 2022. Même cette œuvre porte un sous‑titre : King Lear.
Le site du Quatuor Tana
Sébastien Foucart
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