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Festif Pau Foirail 11/22/2023 - et 24, 25* novembre 2023 Louise Farrenc : Ouverture n° 1 en mi mineur, opus 23
Hector Berlioz : Les Nuits d’été, opus 7
Jacques Offenbach/Manuel Rosenthal : La Gaîté parisienne Karine Deshayes (mezzo-soprano)
Orchestre de Pau Pays de Béarn, Fayçal Karoui (direction musicale)
F. Karoui (© Jean‑Michel Ducasse)
Depuis sa fondation en 2002, l’Orchestre de Pau Pays de Béarn (OPPB) a eu la bonne idée de s’attacher les services de Fayçal Karoui (né en 1971) en tant que directeur musical : l’ancien assistant de Michel Plasson a su faire rayonner sa formation bien au‑delà des Pyrénées, tout en apportant un soutien constant à la création contemporaine (voir notamment sa participation au festival Présences en 2007) comme à l’exploration du répertoire dans toute sa diversité, entre musiques du monde (voir notamment le disque « Yiddish Rhapsody » en 2011) et participation au dispositif Unanimes, chargé de promouvoir les compositrices.
C’est dans cet esprit que l’on retrouve la rare Ouverture n° 1 (1834) de Louise Farrenc pour débuter le concert, permettant de se délecter de cette page à l’élan schubertien : l’équilibre classique de l’ancienne élève de Reicha parcourt tous les pupitres de l’orchestre en une vitalité aérienne, dont s’empare Fayçal Karoui avec des tempi mesurés. Sa battue toute de précision montre sa proximité avec la formation paloise, qui le suit comme un seul homme. Le cycle de six mélodies Les Nuits d’été (1841) de Berlioz lui permet aussi de démontrer toute son attention à mettre en valeur le chant raffiné de Karine Deshayes, entre allégement des textures et rebond sautillant. Quel plaisir de retrouver la mezzo française dans les pas de Régine Crespin, interprète inoubliable de ce chef‑d’œuvre ! Un hommage, sans doute, à celle qui lui donna des conseils en début de carrière, lors de plusieurs classes de maître : on retrouve ici un même accord souverain entre chant velouté sur toute la tessiture et expressivité de haut vol, toujours au service du texte. Cette volonté de s’imprégner au cœur de l’ouvrage aide l’auditeur à pénétrer les arcanes intimes de ce bijou de poésie, toujours baigné de phrasés lumineux, d’une précision redoutable sur chaque syllabe. Si la voix montre quelques difficultés pour atteindre les textures plus transparentes dans l’aigu, voulues par la partition (notamment lors du délicat « Absence »), Deshayes se rattrape par son sens des couleurs et du mordant, particulièrement lorsqu’elle est en pleine voix.
La mezzo bénéficie également de l’écrin intimiste de la salle de spectacle du Foirail (580 places), inaugurée l’an passé pour accueillir en résidence l’OPPB, dans un quartier revitalisé au nord du centre‑ville, après de longues années passées au Palais Beaumont. On s’interroge toutefois sur la capacité de cette petite scène à accueillir un répertoire aux effectifs plus conséquents – particulièrement les symphonies du XXe siècle augmentées de chœurs, la Deuxième de Mahler par exemple. Quoi qu’il en soit, l’acoustique des lieux apporte chaleur et proximité, même s’il faut sans doute éviter les premiers rangs, particulièrement sonores s’agissant des cuivres.
Après l’entracte, Fayçal Karoui prend le micro pour s’adresser au public, en un ton complice et malicieux, pour faire la promotion du prochain concert participatif pour fêter le nouvel an et... l’esprit olympique, le 7 janvier prochain. En attendant, les musiques entêtantes du ballet La Gaîté parisienne, arrangées en 1938 par Manuel Rosenthal à partir des différents ouvrages d’Offenbach (essentiellement La Vie parisienne et Orphée aux enfers), apportent un parfum de fête avant l’heure : une musique légère et pétillante dont s’empare Fayçal Karoui en une gourmandise non feinte, en un sens de la fluidité et des transitions qui parcourt chaque pupitre avec une précision millimétrée. Si les tutti un peu trop marqués montrent quelques rudesses anguleuses, l’imagination narrative de Karoui compense ces quelques désagréments, insistant autant sur les rythmes de danses que les parties plus espiègles – à l’image du chef qui se retourne à plusieurs reprises vers le public pour faire l’étalage d’un trait orchestral ou le faire applaudir en rythme. L’inoubliable Barcarolle conclut l’ouvrage dans les douceurs ouatées de l’imagination mélodique d’Offenbach, avant que l’OPBB ne reprenne en bis le galop effréné de La Vie parisienne, pour le plus grand bonheur de l’assistance.
Florent Coudeyrat
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