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Transe en danse Geneva
Grand Théâtre
11/18/2023 - et 20, 21*, 22 novembre 2023
Noetic [*]
Sidi Larbi Cherkaoui (chorégraphie), Szymon Brzóska (musique)
Antony Gormley (scénographie), Les Hommes (costumes), David Stokholm (lumières), Adolphe Binder (dramaturgie)
Faun
Sidi Larbi Cherkaoui (chorégraphie), Claude Debussy, Nitin Sawhney (musique)
Adam Carrée (scénographie, lumières et vidéo), Hussein Chalayan (costumes)
Boléro
Damien Jalet, Sidi Larbi Cherkaoui (chorégraphie), Maurice Ravel (musique)
Marina Abramovic (concept et scénographie), Urs Schönebaum (lumières), Riccardo Tisci (costumes)
Ballet du Grand Théâtre de Genève
Ana Vieira Leite (chant) [*], Shogo Yoshi (percussions, flûte) [*], Orchestre de la Suisse Romande, Yannis Pouspourikas (direction)
Boléro (© GTG/Filip Van Roe)
Directeur du Ballet du Grand Théâtre de Genève depuis juin 2022, Sidi Larbi Cherkaoui a concocté pour sa compagnie un spectacle composé de trois chorégraphies réunies sous le titre « Eléments », trois pièces qu’il a créées entre 2009 et 2014 et qu’il reprend pour la première fois à Genève. La soirée a débuté avec Noetic, étrenné en 2014 par la GöteborgsOperans Danskompani. Dans un décor composé d’un cube blanc, froid et austère, vingt‑deux danseurs – les hommes en costume-cravate sombre et les femmes en robes noires courtes – jouent avec des bandes de carbone réalisées par le sculpteur britannique Antony Gormley, des bandes d’abord droites et géométriques, qui se transforment en cerceaux puis en anneaux d’une possible galaxie, avant de finir par s’emboîter pour former un globe. D’une grande fluidité, la chorégraphie fait alterner, d’une part, ensembles virevoltants et grouillants et, d’autre part, soli avec de nombreux mouvements de breakdance et de hip‑hop. Si elle n’est pas exempte de longueurs, la pièce (d’une durée de 50 minutes) est un régal pour les yeux, quand bien même le concept semble bien hermétique, à l’instar de son titre : « noétique » est un mystérieux terme de philosophie désignant la recherche intuitive de la connaissance.
Faun (créé en 2009 au Sadler’s Wells de Londres), qui a ouvert la seconde partie de la soirée, est un véritable bijou. Au fond du plateau, une immense paroi sert de support à la représentation d’une forêt dont les couleurs changent en fonction des éclairages. Sur la musique envoûtante du Prélude à l’après‑midi d’un faune de Debussy, entrecoupée de pages aux résonances indiennes de Nitin Sawhney, deux danseurs – une femme (Madeleine Wong) et un homme (Geoffrey Van Dyck) – se rapprochent et s’éloignent, se frôlent puis se touchent, s’enlacent et s’entrelacent dans des mouvements d’une grande sensualité et d’une puissante force érotique, ode sublime au désir. Un émerveillement rehaussé par le timbre chaud et capiteux de la flûte solo de l’Orchestre de la Suisse Romande.
Dernière pièce du programme, le Boléro, sur la musique de Ravel, est aussi la plus attendue par le public. Sidi Larbi Cherkaoui s’était associé à Damien Jalet et à Marina Abramovic à Paris en 2013 pour donner sa version d’une œuvre sur laquelle plane toujours l’ombre de Maurice Béjart et de son danseur fétiche, Jorge Donn. Sur un plateau où abondent les fumigènes, onze danseuses et danseurs ne font que tourner sur eux‑mêmes, sans une seule seconde de répit, dans une sorte de transe. Ils sont revêtus d’une combinaison transparente sur laquelle sont brodés en blanc leurs côtes et leur sternum. Au sol sont projetés des cercles concentriques qui se reflètent dans un immense miroir dressé au fond du plateau. Un envoûtement de chaque instant. Dans la fosse, l’Orchestre de la Suisse romande, sous la direction de Yannis Pouspourikas, est confondant de précision. Une superbe soirée de danse, qui s’est terminée sous les ovations d’un public ravi.
Claudio Poloni
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