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La magie opère toujours Lausanne Opéra 11/03/2023 - et 4, 5*, 8, 10, 11, 12 novembre 2023 Pauline Viardot : Cendrillon (orchestration Didier Puntos) Nuada Le Drève (Marie, dite Cendrillon), Rémi Ortega (Le Baron de Pictordu), Maxence Billiemaz (Le Prince charmant), Ludmila Schwartzwalder (Armelinde), Aurélie Brémond (Maguelonne), Emma Delannoy (La Fée), Jean Miannay (Le Comte Barigoule)
Orchestre de la Haute Ecole de musique de Lausanne, Marc Leroy‑Calatayud (direction musicale)
Gilles Rico (mise en scène), Bruno de Lavenère (décors), Karolina Luisoni (costumes), Denis Foucart (lumières)
(© Cyril Zingaro)
L’Opéra de Lausanne propose chaque saison un spectacle destiné au jeune public. Cette année, il a choisi de reprendre la production féerique de la Cendrillon de Pauline Viardot étrennée en 2018. En cinq ans, cette Cendrillon n’a pas pris une seule ride, le spectacle conçu par Gilles Rico se révélant toujours une pure merveille, magique et onirique à la fois, avec des effets spéciaux à la pelle, dans les splendides décors de Bruno de Lavenère (la salle de bal du château du prince, avec un escalier monumental). Les (très nombreuses) chères têtes blondes présentes dans la salle en prennent plein la vue et s’émerveillent de chaque détail, comme le lit qui se soulève au début de la représentation ou l’arrivée inopinée d’une citrouille sur le plateau. C’est léger, frais, pétillant et plein d’humour et de poésie. Gageons qu’après avoir vu une telle production, les enfants auront envie de retourner très vite à l’opéra.
La compositrice de ce petit bijou d’opéra de chambre, Pauline Viardot, n’est pas tout à fait une inconnue : fille du ténor espagnol Manuel García, un des interprètes préférés de Rossini, et sœur de Maria Malibran, l’une des plus grandes cantatrices du XIXe siècle, elle a été une parfaite touche‑à‑tout dans le domaine musical, réussissant l’exploit d’être tout à la fois chanteuse, pianiste, muse, enseignante de chant et compositrice. Elle a écrit Cendrillon alors qu’elle avait déjà 83 ans. L’ouvrage, composé pour sept chanteurs et piano, a été créé en 1904 dans un salon parisien. Pour la création lausannoise de 2018, le compositeur français Didier Puntos en a proposé une version pour douze musiciens (cinq cordes, cinq vents, piano et percussion), la même version qui est reprise aujourd’hui.
Né à Lausanne, le jeune chef Marc Leroy‑Calatayud fait ses débuts dans la fosse de l’Opéra, à la tête de l’Orchestre de la Haute Ecole de musique de Lausanne. C’est d’ailleurs sur cette même scène qu’il a vu les premiers ouvrages qui lui ont donné le virus de l’art lyrique, avant de partir pour Vienne étudier la direction d’orchestre. Son interprétation de Cendrillon est tout à la fois précise et légère. La distribution est entièrement différente de celle de 2018, mais avec un point commun : les rôles sont confiés à de jeunes chanteurs de la région. Cendrillon est incarnée avec beaucoup de délicatesse par Nuada Le Drève. Avec son allure de jeune premier, Maxence Billiemaz est un prince charmant élégant. Le trio composé des sœurs ridicules et de leur père Pictordu (Ludmila Schwartzwalder, Aurélie Brémond et Rémi Ortega) est grotesque et extravagant à souhait. On admire aussi le phrasé élégant de Jean Miannay dans le rôle du comte Barigoule, le chambellan dégourdi du Prince, ainsi que les prouesses d’Emma Delannoy, bonne fée qui descend des cintres suspendue par un harnais. A noter qu’une autre Cendrillon, celle de Massenet cette fois, fera les beaux soirs de l’Opéra de Lausanne en avril prochain.
Claudio Poloni
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