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Une voix, un tempérament Lausanne Salle Métropole 11/01/2023 - et 2 novembre 2023 Johann Sebastian Bach : Suite pour orchestre n° 2 en si mineur, BWV 1067
Wolfgang Amadeus Mozart : Symphonie n° 31 en ré majeur « Paris », KV 297
Francis Poulenc : La Voix humaine, FP 171 Stéphanie d’Oustrac (mezzo‑soprano), Jean‑Luc Sperissen (flûte)
Orchestre de Chambre de Lausanne, Bertrand de Billy (direction)
Le deuxième Grand Concert de la saison 2023‑2024 de l’Orchestre de Chambre de Lausanne a été marqué par la magnifique prestation de Stéphanie d’Oustrac dans La Voix humaine de Poulenc. On le sait, la mezzo‑soprano possède une voix claire, puissante et bien projetée ; elle peut aussi se targuer d’une excellente technique vocale qui lui permet de venir à bout des partitions les plus périlleuses. Mais surtout, elle a du tempérament et du caractère, deux qualités indispensables pour se lancer dans l’ouvrage de Poulenc. Tragédienne accomplie, Stéphanie d’Oustrac se jette à corps perdu dans le monologue écrit par Jean Cocteau et joue de toute la gamme des émotions, passant en quelques secondes de la douceur et de l’imploration à la révolte et à la douleur, alternant avec une facilité déconcertante pianissimo et fortissimo. Mais le plus incroyable, c’est que tout semble naturel, rien ne paraît affecté, l’interprète campant une femme séduisante et calme, jamais hystérique, mais toujours terriblement touchante. Ses « Je t’aime ! Je t’aime ! » finaux résonneront longtemps dans les mémoires des spectateurs. En parfaite adéquation avec la chanteuse, le chef Bertrand de Billy a livré une version contrastée de l’œuvre, sobre et intense à la fois, avec un grand sens du théâtre.
En guise d’amuse-bouche, si l’on peut dire, l’Orchestre de Chambre de Lausanne a présenté en première partie de soirée deux œuvres inspirées par la musique française. Tout d’abord la Deuxième Suite de Bach, qui s’apparente en quelque sorte à un concerto pour flûte traversière, dans lequel le flûtiste solo de l’orchestre, Jean‑Luc Sperissen, a pu faire la démonstration de son talent, notamment dans le célèbre mouvement final, « Badinerie », si pétillant et virtuose. Le public a été tellement conquis par sa prestation que le soliste a dû bisser le dernier mouvement. L’exécution de la Trente‑et‑unième Symphonie de Mozart a mis en valeur la clarté de la construction de la partition et a séduit par la puissance de ses tutti et ses contrastes, avec de superbes interventions des vents.
Claudio Poloni
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