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Mahler le Viennois

Vienna
Konzerthaus
10/18/2023 -  et 12, 13 octobre 2023 (Cleveland)
Gustav Mahler : Lieder und Gesänge aus der Jugendzeit : « Frühlingsmorgen » & « Hans und Grete » (orchestrations Luciano Berio) – Des Knaben Wunderhorn : « Ablösung im Sommer » (orchestration Luciano Berio), « Revelge », « Urlicht » & « Rheinlegendchen » – Symphonie n° 7
Simon Keenlyside (baryton)
Cleveland Orchestra, Franz Welser-Möst (direction)


F. Welser-Möst (© Lukas Beck)


Ce concert, entièrement consacré à Mahler, nous a offert un fascinant aperçu de deux facettes diamétralement opposées de son œuvre. En première partie, une courte sélection de six lieder, parmi lesquels figuraient trois relatives raretés de jeunesse, minutieusement orchestrées par Luciano Berio, révélait le compositeur dans un art de la miniature. Le baryton anglais Simon Keenlyside y excelle, notamment grâce à sa maîtrise de la diction et son talent de dramaturge lyrique, insufflant la vie à chacun des personnages évoqués au sein de ces vignettes musicales. Avec une aisance toute en décontraction, empreinte d’humour et de rigueur, Keenlyside cisèle ses interventions avec une âme de chanteur d’opéra teintée d’une profonde sensibilité de récitaliste.


L’opposition entre cette première partie, marquée par sa brièveté et son intimité, et la Septième Symphonie, complexe et monumentale, aurait pu être radicale. Cependant, même si l’effectif de l’orchestre se renforce considérablement, la texture demeure étonnamment chambriste. L’Orchestre de Cleveland se distingue par une sonorité incroyablement satinée, chatoyante et transparente ; son agilité repose à la fois sur la spontanéité musicale et une discipline de fer. Il est remarquable d’entendre par exemple comment les pupitres solos parviennent à jaillir avant de s’effacer instantanément dans le tissu orchestral, évitant de donner l’impression d’une masse instrumentale qui viendrait découvrir puis submerger les solistes. Ces interventions revêtent au contraire l’apparence d’un subtil changement de timbre qui s’intègre avec naturel au discours musical.


La direction de Franz Welser-Möst imprime à l’œuvre une dose de sang‑froid (de coolness dirait un anglo‑saxon) qui y révèle un néoclassicisme surprenant. Si certaines fulgurances grinçantes et ironiques disparaissent, elles cèdent en revanche la place à une lisibilité et à une humanité renforcée. Rarement Mahler, l’homme du gigantisme symphonique, n’a paru aussi accessible et mortel. Cette approche fonctionne le plus souvent à merveille, mais semblera pour certains mahlériens inconditionnels filer un peu trop droit, affichant au fond une inflexibilité assez autrichienne.


Pour notre part, nous considérons ce concert comme une révélation, une interprétation qui ne ralliera pas tout le public, mais qui enrichit sûrement la palette des possibilités interprétatives de la symphonie. La longue et unanime standing ovation qui salue la fin de concert pourra certainement être davantage vue comme une reconnaissance à un homme en lutte avec la maladie plutôt qu’un signe d’adhésion universelle sur sa vision interprétative.


Vienne sera en fin de compte la seule étape internationale de cette cinquante-quatrième tournée de l’Orchestre de Cleveland, l’actualité du Moyen‑Orient ayant brutalement interrompu le déroulement du voyage.


L’intégralité du concert sur le site de l’Orchestre de Cleveland



Dimitri Finker

 

 

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