About us / Contact

The Classical Music Network

Amsterdam

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Eternel van Manen !

Amsterdam
Nationale Opera & Ballet
09/16/2023 -  et 17, 19, 21, 23, 28, 30* septembre 2023

The Four Temperaments

Hans van Manen (chorégraphie), Paul Hindemith (musique)
Jan Hofstra, Howard Eldridge (lumières)


The Chairman Dances (création)
Ted Brandsen (chorégraphie), John Adams (musique)
François-Noël Cherpin (costumes), Wijnand van der Horst (lumières)


Frank Bridge Variations
Hans van Manen (chorégraphie), Benjamin Britten (musique)
Keso Dekker (décors, costumes), Bert Dalhuysen (lumières)


Full Frontal (création)
Juanjo Arqués (chorégraphie), Michael Gordon (musique)
Tatyana van Walsum (décors, costumes), Yaron Abulafia (lumières), Ian Daerden (son)
Ryoko Kondo (piano), Het Balletorkest, Matthew Rowe (direction musicale)
Het Nationale Ballet


Frank Bridge Variations (©  Marc Haegeman)


La compagnie chorégraphique néerlandaise Het Nationale Ballet vient d’ouvrir sa saison avec un programme en quatre volets mêlant des chorégraphes de générations différentes et un programme musical superlatif.


Une fois n’est pas coutume, on commencera par louer la qualité musicale de ce spectacle chorégraphique de rentrée de l’excellente compagnie néerlandaise. Epatant ce qu’est devenu en quelques années l’orchestre dédié aux spectacles chorégraphiques, Het Balletorkest, qui atteint à un niveau d’excellence, d’autant que pour ce spectacle, son chef Matthew Rowe n’avait à diriger presque que des chefs‑d’œuvre de la musique du XXe siècle. La première partie du programme comportait rien moins que des œuvres phares de Hindemith, Adams et Britten ! Et l’orchestre les a interprétées avec une finesse qui force l’admiration, avec une mention particulière pour la pianiste Ryoko Kondo pour sa participation aux Quatre Tempéraments (1940), thème et quatre variations pour cordes et piano de Hindemith. De même, pour les Variations sur un thème de Frank Bridge de Britten, dont la création en 1937 au Festival de Salzbourg a marqué le début de la reconnaissance internationale du compositeur, l’orchestre a su créer les climats si étranges et capter leur évolution si particulière d’une variation à l’autre. The Chairman Dances (1985) d’Adams, extrait de Nixon in China, est un fox‑trot qui, aujourd’hui, mène sa carrière au concert indépendamment de l’opéra et qui, même s’il appartient à la période postminimaliste du compositeur, possède toujours une structure répétitive assez propice à être dansée.


Pour la danse, George Balanchine n’aurait pas renié sa boutade : « Regardez la musique, écoutez la danse » ! La compagnie a prouvé d’emblée ses qualités de rigueur et de discipline et l’excellence de ses solistes dans le très intemporel Les Quatre Tempéraments, dansé dans la pure tradition balanchinienne avec toutes les audaces qui restent bluffantes plus de cinquante ans après sa création.


Première création mondiale du programme, The Chairman Dances, réglée par Ted Brandsen, directeur de la compagnie, montre en 12 minutes avec dix‑huit danseurs habillés, hommes comme femmes, de longues robes blanches vaporeuses, une joie de danser ensemble avec un vocabulaire néoclassique très efficace.


Mais, ce qui se vérifie toujours sur cette scène, c’est que l’on a beau aligner tant de noms de chorégraphes célèbres, si y figure celui de Hans van Manen, c’est lui qui remporte à tout coup la palme. On est toujours sidéré de constater que celui qui est un des plus grands chorégraphes du XXe siècle demeure si peu connu chez nous. Car si Het Nationale Ballet consacre régulièrement des programmes à cet immense artiste, récemment un hommage massif pour son quatre-vingt-dixième anniversaire, comment se fait‑il qu’il soit aussi peu dansé chez nous ? Parfois le Ballet de l’Opéra de Paris ressort des cartons ses Trois Gnossiennes en tournée ou dans un programme de chorégraphes néerlandais. C’est peu quand on contemple la liste des chorégraphes néoclassiques invités (même John Neumeier semble aujourd’hui retourné dans une espèce de purgatoire...). Sa chorégraphie Frank Bridge Variations (2005) est un miracle d’invention de tous les instants, d’exaltation de toutes les possibilités qu’offre le vocabulaire néoclassique, et les éclairages de Bert Dalhuysen participent au climat étrange de la musique dont van Manen a si bien su faire son miel dans son travail. Il faut ajouter que parmi les cinq couples qui se succèdent dans ce jeu de variations, les deux danseurs Young Gyu Choi et Timothy van Poucke dansaient à un très haut niveau de virtuosité et leur charisme crevait l’écran.


Reste malheureusement à traiter de la seconde création mondiale du programme, Full Frontal, signée par Juanjo Arqués, ancien danseur de la compagnie. Une de ces chorégraphies qui n’en mérite pas le nom. On a vu trois mille fois ce genre de course poursuite stressante dans un décor urbain sinistre, en costumes de ville et chapeaux noirs, avec un éclairage blafard au néon dans laquelle on court, rampe, tombe, se relève, le tout durant 25 très longues minutes quand 5 auraient suffi. La musique, Weather One (1997) du compositeur américain Michael Gordon, n’est pas inintéressante mais avec son caractère anxiogène, aurait d’avantage convenu à une série policière violente qu’à un théâtre de danse.


Pourquoi, se demande‑t‑on au sortir de cette longue soirée, ne pas avoir laissé partir les spectateurs sur un petit nuage après le chef‑d’œuvre de Hans van Manen plutôt que leur donner l’envie de passer à autre chose, voire aller vite se coucher ?



Olivier Brunel

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com