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Musicalement stimulant

Liège
Opéra royal de Wallonie
09/19/2023 -  et 22, 24*, 26, 28 septembre 2023
Wolfgang Amadeus Mozart : Idomeneo, K. 366
Ian Koziara (Idomeneo), Annalisa Stroppa (Idamante), Maria Grazia Schiavo (Ilia), Nino Machaidze (Elettra), Riccardo Della Sciucca (Arbace), Inho Jeong (La Voce), Jonathan Vork (Gran Sacerdote di Nettuno)
Chœurs de l’Opéra Royal de Wallonie, Denis Segond (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra royal de Wallonie, Fabio Biondi (direction musicale)
Jean-Louis Grinda (mise en scène), Laurent Castaingt (décors, lumières), Jorge Jara (costumes), Arnaud Pottier (vidéos)


(© ORW-Liège/Jonathan Berger)


L’Opéra royal de Wallonie débute sa saison avec un opéra absent de l’affiche depuis 1986. Dix ans plus tard, Jean‑Louis Grinda débutait son mandat de directeur général et artistique de la maison liégeoise, jusqu’en 2007, et c’est justement lui qui met en scène cette nouvelle production d’Idoménée (1781). Il concrétise en homme de métier des intentions simples et pertinentes, sur l’amour, la fatalité, le sacré, sans la moindre volonté d’actualisation ou de relecture. Mais une direction d’acteur peu satisfaisante échoue à conférer une puissante théâtralité à ce spectacle qui demeure le plus souvent pesant, voire statique. Le principal intérêt de la mise en scène réside ainsi dans sa dimension visuelle, du moins dans les superbes effets de lumières de Laurent Castaingt, qui signe également le décor dont le dépouillement ne met que mieux en valeur les éléments les plus riches de significations, la main géante, en particulier. Ce dernier évoque, dans une esthétique à la fois abstraite et symbolique, l’Antiquité et la mythologie, avec la présence de la mer en arrière‑plan, joliment illustrée par la vidéo d’Arnaud Pottier. Dans un souci de cohérence, il aurait fallu que cette sobriété se retrouve également dans les costumes. Au contraire, les ateliers ont confectionné, avec toute l’excellence dont ils sont coutumiers, des tenues chatoyantes et fantaisistes, ni tout à fait convaincantes, ni totalement hors sujet. Jean‑Louis Grinda ne compte pas parmi les novateurs du théâtre lyrique, et ce spectacle, toutefois soigné et bien dans l’esprit de l’Opéra royal de Wallonie, en apporte une preuve, à moins que l’ancien directeur ne se soit considérablement assagi. Mais les Chorégies d’Orange et l’Opéra de Monte‑Carlo ne constituent pas, il est vrai, des terrains d’expérimentation.


Plus intéressant, le volet musical offre davantage de satisfactions. La distribution comporte de solides maillons, à commencer par l’Idoménée assez saisissant d’Ian Koziara. Le ténor américain frappe immédiatement les esprits par sa forte présence, mais aussi par l’excellente tenue de son chant, démonstratif et maîtrisé. Le timbre demeure, en outre, de toute beauté, et cet interprète caractérise profondément et avec justesse son personnage. Affichant beaucoup de tempérament, Annalisa Stroppa ne domine pas moins son rôle, celui d’Idamante, en dépit d’un jeu scénique plutôt générique.


Le chant de Maria Grazia Schiavo souffre tout de même un peu de la comparaison avec le reste du plateau. Sans décevoir, la soprano suscite, en effet, quelques frustrations en Ilia, dues à une voix relativement ordinaire et à un manque de finesse, voire de naturel. L’incarnation demeure toutefois estimable, digne, en tout cas, de la réputation de l’Opéra royal de Wallonie. Nino Machaidze, solide soprano au timbre riche, excelle pour sa part en Electre, rôle auquel elle apporte puissance et expressivité, sans tomber dans le mauvais goût, malgré quelques duretés dans le phrasé et l’intonation, ce qui participe à la composition du personnage. Les autres chanteurs tiennent correctement les plus petits rôles. Il faudrait retrouver Riccardo Della Sciucca dans un emploi plus conséquent qu’Arbace,tandis qu’Inho Jeong, cinquième prix au dernier Concours Reine Elisabeth, incarnera Arkel dans Pelléas et Mélisande en avril. Le public salue, à juste titre, des interventions matures et de belle facture. Et Jonathan Vork soigne tout particulièrement sa courte partie, si bien que ce membre des chœurs aurait mérité quelques lignes dans la notice biographique du programme. A propos des choristes, justement, bien préparés par Denis Segond, ils contribuent du mieux qu’ils peuvent à l’intensité et à la théâtralité intrinsèques de cet opéra.


La direction de l’Opéra royal de Wallonie souhaite développer de nouvelles collaborations. C’est ainsi que Fabio Biondi conduit pour la première fois l’orchestre, pour un résultat assez stimulant. Le chef entend manifestement obtenir un son vif et dégraissé, caractéristique des formations sur instruments d’époque, et il y parvient. La prestation suffisamment enlevée et nuancée de l’orchestre ne compense toutefois pas le déficit de théâtralité relevé dans la mise en scène.


Le site de l’Opéra royal de Wallonie



Sébastien Foucart

 

 

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