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Rayonnante Elsa Paris Théâtre des Champs-Elysées 09/21/2023 - et 22 (Linz), 23 (Wien) septembre 2023 Richard Wagner : Tristan und Isolde : Prélude
Robert Schumann : Concerto pour piano, opus 54
Gustav Mahler : Symphonie n° 4 Elsa Dreisig (soprano), Yefim Bronfman (piano)
Bayerisches Staatsorchester, Vladimir Jurowski (direction)
E. Dreisig (© Simon Fowler)
Quasiment à la fin d’une tournée européenne pour célébrer son cinquantième anniversaire, l’Orchestre de l’Opéra d’Etat de Bavière (Munich), avec son directeur Vladimir Jurowski, s’est arrêté le temps d’un concert au Théâtre des Champs‑Elysées.
De Mérano à Vienne en passant par Berlin, Londres, Bucarest, cet orchestre légendaire que l’on a tant de fois admiré dans la fosse de l’Opéra de Munich est passé par le théâtre de l’avenue Montaigne, dixième sur douze stations d’une vaste tournée européenne aux dates bien serrées. On se demande en sortant de ce concert de musique germanique avec deux solistes bien choisis quelles sont les conditions de répétition, non du programme, qui est bien rodé, mais de l’adaptabilité aux lieux et à leur acoustique. Il nous a semblé que cette immense phalange jouait souvent beaucoup trop fort pour le Théâtre des Champs‑Elysées, entraînant une saturation du son souvent déplaisante. Il est vrai que depuis l’ouverture de la Philharmonie, l’oreille a eu le temps de s’adapter à des acoustiques plus favorables au symphonique, le Théâtre des Champs‑Elysées restant une salle excellente pour toutes les formes de musique de chambre.
Ainsi le Prélude de Tristan et Isolde joué sur scène perd notamment en son début beaucoup du mystère qui fait son charme quand il s’élève de la fosse et prépare le spectateur en douceur au drame qui va se dérouler.
Yefim Bronfman, à ce stade de sa carrière, est‑il le pianiste idéal pour le Concerto de Schumann ? S’il y est indiscutablement brillant dans la cadence dramatique et les virtuosités de la fin du Finale, il ne donne pas à ce sublime dialogue amoureux, avec un orchestre il faut bien le dire assez débonnaire, la fraîcheur juvénile qui en fait l’essence. En revanche, le Nocturne opus 27 n° 2 de Chopin joué en bis révélait un pianiste de grande classe, tant par le style que par les couleurs de son jeu.
Dans la Quatrième Symphonie de Mahler, la direction de Vladimir Jurowski nous a paru souvent brouillonne, privilégiant les petits détails pittoresques dans les deux premiers mouvements, révélant certes des individualités magnifiques parmi les vents et les bois mais déstructurant beaucoup la musique. Il a fallu attendre le milieu du troisième mouvement, Ruhevoll (tranquille), pour entendre une véritable plongée dans les profondeurs de cette musique tragique.
Heureusement est arrivée pour chanter le lied « Das himmlische Leben » (« La Vie céleste ») un ange à la voix tout à fait céleste, quasi enfantine, le soprano Elsa Dreisig, à qui cette musique convient mieux que tout autre. Timbre lunaire, aigus rayonnants comme sa présence scénique, intelligence du texte, virtuosité époustouflante dans les petits détails de ce chant, elle a littéralement irradié la joie et le bonheur avec un orchestre qui semblait ne jouer que pour elle.
Joie un peu retombée avec l’Aria de la Troisième Suite pour orchestre dans la transcription un peu lénifiante, solennelle et grave de Mahler, qui faisait regretter de ne pas rester sur les impressions des sommets vocaux offerts par la soprano franco‑danoise.
Le site d’Elsa Dreisig
Le site de Yefim Bronfman
L’Orchestre d’Etat de Bavière
Olivier Brunel
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