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Festival de contre-ut Geneva
Grand Théâtre
09/20/2023 -
Gioacchino Rossini : La promessa – La lontananza – Le Sylvain [2] – Ricciardo e Zoraide : « Donala a questo cuore » – Il turco in Italia : « Tu seconda il mio disegno » [2] – Il barbiere di Siviglia : « Cessa di più resistere » [1] – Otello : « Ah vieni, nel tuo sangue »
Gaetano Donizetti : L’amor funesto – Me voglio fa’ ‘na casa – Il sospiro [1] – Lucrezia Borgia : « T’amo qual s’ama un angelo » [2] – Dom Sébastien, roi de Portugal : « Seul sur la terre » [1]
Giuseppe Verdi : Il tramonto – Lo spazzacamino [2]
Vincenzo Bellini : Torna, vezzosa Filide – La ricordanza [1]
Lawrence Brownlee [1], Levy Sekgapane [2] (ténors), Giulio Zappa (piano)
Un feu d’artifice vocal a embrasé le Grand Théâtre de Genève le temps d’un récital : les deux ténors Lawrence Brownlee et Levy Sekgapane ont fait chavirer le public avec leurs vocalises et leurs notes stratosphériques atteintes avec une facilité déconcertante. Même voix légère, souple et particulièrement agile, même répertoire, les deux chanteurs affichent beaucoup de points communs, mais aussi des différences. La première partie du récital était consacrée à des airs de Rossini, Donizetti, Verdi et Bellini. C’est Levy Sekgapane, le plus jeune des deux, qui a ouvert la soirée en se lançant avec fougue dans des pages de Rossini les unes plus virtuoses que les autres. Les aigus sont lumineux et le français impeccable dans Le Sylvain. Lawrence Brownlee a choisi, lui, Donizetti pour trois mélodies, virtuoses certes, mais dans lesquelles il réussit à instaurer des atmosphères à chaque fois différentes, avec une grande force expressive. Levy Sekgapane revient ensuite sur scène avec deux mélodies de Verdi, dont l’étonnant Spazzacamino (« Le Ramoneur »), qui permet aux spectateurs de découvrir une composition drôle et joyeuse du maître de Bussetto, que l’interprète chante sur un ton très joueur et espiègle. Bellini offre ensuite à Lawrence Brownlee l’occasion de déployer son phrasé exemplaire et sa longueur de souffle.
Le florilège d’airs d’opéras de Rossini et de Donizetti de la seconde partie renforce les impressions de la première partie : virtuosité, vaillance et fougue pour Levy Sekgapane, expressivité, intensité et profondeur pour Lawrence Brownlee, les deux chanteurs apparaissant tout à fait complémentaires. La complicité entre les deux artistes est évidente et fait plaisir à voir : ils se serrent la main, se prennent dans les bras l’un de l’autre et rient de bon cœur chaque fois qu’ils se croisent sur scène, lorsque l’un cède la place à l’autre. Et leurs deux duos sont les temps forts du récital, notamment le « Ah vieni, nel tuo sangue » de l’Otello de Rossini, qui clôt la partie officielle de la soirée et où chacun essaie de voler la vedette à l’autre en toute amitié et sans esprit de compétition. Un moment d’anthologie !
Une magnifique surprise attend ensuite le public : la mezzo‑soprano Marina Viotti, présente, dans la salle, monte sur scène en guest star pour interpréter avec ses deux collègues le duo « Qual barbaro momento » du Voyage à Reims de Rossini, avec les deux compères qui font semblant de se chamailler pour avoir l’honneur de chanter avec elle. Irrésistible ! Le pianiste Giulio Zappa, particulièrement investi, a été un élément clef de ce récital hors du commun, réussissant à conférer au piano l’étoffe et l’ampleur de l’orchestre. Dommage que les fauteuils vides aient été si nombreux. Les absents ont toujours tort.
Claudio Poloni
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