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Berlin reste Berlin Lucerne Centre de la culture et des congrès 08/31/2023 - et 28 août (Salzburg), 3 septembre (Luxembourg) 2023 Johannes Brahms : Variations sur un thème de Joseph Haydn, opus 56a
Arnold Schönberg : Variations pour orchestre, opus 31
Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 8 en fa majeur, opus 93 Berliner Philharmoniker, Kirill Petrenko (direction) (© Monika Rittershaus)
Traditionnellement, l’Orchestre philharmonique de Berlin fait l’événement au Festival de Lucerne avec deux concerts à la fin du mois d’août. Cette année, la célèbre formation n’a pas dérogé à la règle : le public a fait un triomphe aux musiciens et à leur chef pour leur musicalité, leur précision et leur cohésion. Berlin reste Berlin, il n’y a rien à redire, la machine est toujours rutilante et parfaitement huilée, avec à chaque fois de splendides interventions des musiciens solistes. Le programme du second concert a fait preuve d’originalité, avec trois partitions somme toute assez courtes (une vingtaine de minutes chacune), dont deux ouvrages de variations. Et avec une filiation évidente entre les pages : Schönberg s’est manifestement inspiré de Beethoven et de l’art des variations de Brahms, alors que Beethoven et Brahms évoquent ce soir tous les deux Haydn, indirectement pour le premier et directement pour le second, puisque l’œuvre présentée est fondée sur un thème de choral attribué Haydn.
Kirill Petrenko attaque les Variations sur un thème de Joseph Haydn de Brahms de manière leste et transparente, sans aucune lourdeur. Soucieux du moindre détail, il n’en réussit pas moins à conserver une vue d’ensemble de la partition. Les variations VI et VII sont particulièrement réussies et vivantes, avec une superbe entrée du cor et un grazioso délicat. Globalement, l’interprétation est marquée d’une certaine mélancolie, mais sans la moindre gravité. Les Variations pour orchestre de Schönberg ont été créées à Berlin il y a quatre-vingt-quinze ans, sous la direction de Wilhelm Furtwängler. Demi‑succès à l’époque, la partition ne semble plus rebuter le public aujourd’hui. D’une indéniable complexité, elle ne pose cependant aucun souci à Kirill Petrenko et à ses musiciens, tout est précis, admirablement articulé ; rarement l’œuvre aura paru si fascinante et contrastée, énergique et mystérieuse à la fois, sereine et austère, le chef réussissant, ici aussi, à tisser un fil rouge tout au long de la partition.
Sous la baguette de Kirill Petrenko, la Huitième Symphonie de Beethoven brille par sa légèreté et son caractère aérien, par sa finesse et sa transparence aussi, avec un magnifique solo du violoncelle dans le troisième mouvement. Le chef fait particulièrement ressortir le côté joyeux et tonique de la partition, à la limite de l’humour, sautillant et dansant sur son podium. Ovations à la fin du concert. Berlin reste Berlin, même à Lucerne.
Claudio Poloni
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