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Prévert et Kosma, du cinéma à la chanson

Saint-Céré
Théâtre de l’Usine
08/08/2023 -  et 4 (Tourcoing), 5 (Paris) avril 2024
Joseph Kosma : A la belle étoile – Le Cauchemar du chauffeur de taxi – Chanson des enfants d’Aubervilliers – Chanson de l’eau – Chanson de la Seine – La Pêche à la baleine – Deux escargots s’en vont à l’enterrement – Paris at night – Chanson dans le sang – Les enfants qui s’aiment – Les Feuilles mortes – Baptiste (extraits) – Les Portes de la nuit (extrait) (arrangements Simon Cochard, Clément Darlu, Adrien Delmer, Jacques Gandard, Stéphane Gassot et Robin Melchior)
Stéphanie Varnerin (soprano)
La Symphonie de Poche, Nicolas Simon (direction)




Pour sa quarante‑troisième édition, du 31 juillet au 12 août, le Festival de Saint‑Céré reste fidèle à l’opéra, avec des spectacles dont la valeur a (très) largement été éprouvée en d’autres lieux – Le Coq Maurice de Pascal Zavaro, La Tragédie de Carmen adaptée de Bizet par Peter Brook et Rigoletto ou Le roi s’amuse adapté de Verdi et Hugo par Tom Goossens. Autour de cette colonne vertébrale lyrique, la musique de chambre (Quatuor Hermès, Ensemble Sarbacanes) et des spectacles revendiquant, dans une brochure truffée d’écriture prétendument « inclusive », « une grande diversité d’esthétiques et de formes » (« concert magique à huit mains pour deux pianos et deux magiciens », « spectacle vocal » de l’ensemble La Main Harmonique, « théâtre musical de rue », « ciné‑opéra » en plein air) trouvent leur place dans plusieurs communes du Lot et jusque dans la Corrèze voisine.



S. Varnerin, N. Simon (© Loran Chourrau)


Jacques Prévert (1900‑1977) et Joseph Kosma (1905‑1969) : le poète et le musicien sont un peu les Da Ponte et Mozart ou les Hofmannsthal et Strauss de la chanson et du cinéma, tant leur collaboration et leur amitié ont été étroites durant une quinzaine d’années. Avec un tel sujet – Gainsbourg leur a même consacré une chanson –, rien d’étonnant à ce qu’après « Boris Vian, l’écumeur de nuit » et avant un spectacle consacré à Queneau, La Symphonie de Poche ait conçu un programme de 75 minutes intitulé « Paris at Night. Prévert & Kosma font leur cinéma ».


Ainsi que l’explique Nicolas Simon, le fondateur et chef de l’ensemble, au tout début du concert, ont été sélectionnées des musiques associées à quatre films auxquels le duo a collaboré : Le Crime de monsieur Lange (1936) de Jean Renoir, Les Portes de la nuit (1946) de Marcel Carné et Aubervilliers (1946) d’Eli Lotar, ainsi que des extraits de Baptiste, une suite symphonique constituée à partir de la bande originale des Enfants du paradis (1945) de Carné. Si le cinéma est donc au cœur du sujet, on trouve en filigrane des composants habituels de l’univers de Prévert, un Paris désormais révolu, sa banlieue et la Seine, l’humour et l’émotion, le nonsense et l’impertinence.


Les chansons sont confiées à Stéphanie Varnerin, qui possède un bien joli brin de voix mais qui, partition toujours sous les yeux, pèche par une diction insuffisamment soignée, ce qui ne facilite pas la compréhension des textes, d’autant qu’elle est trop souvent couverte par les douze musiciens. Déjà que l’intérêt d’une sonorisation pour un tel effectif dans une salle de 400 places ne paraît pas évident, on le perçoit encore moins si c’est pour que la soprano pâtisse d’un déséquilibre avec l’accompagnement. Quelques jeux de scène, dans une scénographie comprenant une table et deux chaises, n’apportent pas grand‑chose à la démonstration.


Cela étant, les chansons de Prévert et Kosma sont immortelles, quel que soit leur registre, et les pages instrumentales valent ce que valent les musiques de film en concert, sous la direction dynamique, presque trop nerveuse de Nicolas Simon, le tout dans des arrangements de qualité inégale pour une formation il est vrai tout à fait inhabituelle (flûte, deux clarinettes, saxhorn baryton, quintette à cordes, accordéon, harpe et percussions, notamment marimba). Et comme le public en redemande, les artistes offrent en bis l’irrésistible Inventaire, avant de reprendre Le Cauchemar du chauffeur de taxi ainsi que La Pêche à la baleine.


Le site du Festival de Saint‑Céré
Le site de Nicolas Simon
Le site de La Symphonie de Poche



Simon Corley

 

 

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