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Broadway on the Lake Albany Cooperstown (Alice Busch Opera Theater) 07/08/2023 - et 10, 16, 25, 27*, 29 juillet, 5, 7, 13, 15, 18, 20 août 2023 Leonard Bernstein : Candide Bradley Dean (Pangloss, Voltaire), Brian Vu (Candide), Katrina Galka (Cunégonde), Meredith Arwady (Old Lady), Schyler Vargas (Maximilian), Jonathan Patton (Martin, James), Jonathan Pierce Rhodes (Cacambo), Ryan Johnson (Grand Inquisitor, Governor), Lisa Marie Rogali (Paquette), Keely Futterer (Baroness, Vanderdendur), Kailee Brandt (soprano, danseuse), Joelle Lachance, Amanda Sheriff (sopranos), Alicia Russell Tagert (Minister’s Wife, Queen of Eldorado), Emma Sucato (mezzo, danseuse), Kyle Sanchez Tingzon (contre‑ténor), Carlos Ahrens (Baron, King of Eldorado), Henry Benson (Minister), Peter Murphy, Truman Tinius (ténors, danseurs), Jorrell Lawyer-Jefferson (baryton, danseur), W. Morgan-Hill Edgar (baryton), Olivier Zerouali (basse)
The Glimmerglass Festival Ensemble, Katherine Kozak (chef de chœur), The Glimmerglass Festival Orchestra, Joseph Colaneri (direction musicale)
Francesca Zambello (mise en scène), Eric Sean Fogel (reprise de la mise en scène, chorégraphie), James Noone (set designer), Jennifer Moeller (costume designer), Eric Sean Fogel (choreographer), Mark McCullough (lighting designer), Joel Morain (son)
Pour ceux qui cet été auront la chance de traverser l’Atlantique, on conseille le festival d’opéra à Cooperstown, sur les rives du lac Otsego au nord de l’Etat de New York. Dirigé par Rob Ainsley, le Glimmerglass Festival, qui a lieu dans ce paysage lacustre et enchanteur, terre native des Iroquois, affiche chaque été quatre opéras du répertoire très bien distribués pour de jeunes chanteurs. La Bohème de Puccini, Candide de Bernstein, Roméo et Juliette de Gounod et Rinaldo de Haendel sont les quatre œuvres du programme auxquelles s’ajoutera la création mondiale de la pièce de théâtre musical pour enfants The Rip Van Winkles de Ben Morris et Laura Fuentes.
K. Galka, B. Vu (© Evan Zimmermann)
Candide, opérette de Leonard Bernstein et Hugh Wheeler, est une reprise de la production réalisée en 2015 par Francesca Zambello, directrice artistique émérite du festival, en coproduction avec l’Opéra national de Bordeaux et le Théâtre du Capitole de Toulouse. Eric Sean Fogel assure la reprise de cette mise en scène très chargée et de sa chorégraphie. La version originale, qui fut un flop en 1956 à Broadway, a connu au moins cinq révisions et quelques adaptations plus récentes, dont celle de John Mauceri pour le Scottish Opera en 1988 est la plus utilisée en Europe, mais c’est ici la version de 1999 (Royal National Theatre version) fondée sur la version définitive de l’œuvre (opera house version) réalisée par Bernstein en 1982 pour les théâtres lyriques.
L’esprit de Broadway souffle fort sur cette époustouflante réalisation : dans un cadre scénique unique un peu figé, les décors de James Noone et les costumes très colorés de Jennifer Moeller donnent du périple de Candide une vision très rutilante avec l’aide efficace des éclairages de Mark McCullough. Certaines scènes comme l’arrivée à Eldorado ou le carnaval vénitien sont dignes d’une revue de music‑hall grâce à la participation très active et aux talents chorégraphiques de nombreux choristes et figurants.
La veine satirique et l’esprit caustique du roman de Voltaire sont très bien rendus et on reconnaît bien la patte de Francesca Zambello dans les scènes satiriques avec les jésuites au Paraguay. Si l’acteur de Broadway Bradley Dean, qui incarne le double rôle de Pangloss et Voltaire, mène formidablement le show, on ne peut s’empêcher d’être frustré de ne pas tout comprendre de ses dialogues parlés (seules les parties chantées sont surtitrées) car, non sonorisé, il est souvent couvert par l’orchestre. Tous les seconds rôles et silhouettes sont parfaitement tenus par des membres du Glimmerglass Young Artists Program, les deux désopilants moutons qui accompagnent Cunégonde méritant une mention spéciale tout comme Jonathan Pierce Rhodes dans le rôle de Cacambo.
Les trois premiers rôles étaient particulièrement bien tenus. Brian Vu, exemple parfait de la dualité des chanteurs à Glimmerglass car ancien young artist devenu guest artist, campe un Candide très émouvant dans sa naïveté et excellent scéniquement dans le registre de la comédie. Sa voix, parfois à peine suffisante en termes de projection pour cet auditorium de quasiment 1 000 places, est cependant bien timbrée et assez bien nuancée pour incarner l’évolution du personnage d’un optimisme aveugle à sa résignation finale. La soprano américaine Katrina Galka, qui mène une belle carrière en Allemagne, assure les difficultés vocales du rôle de Cunegonde principalement dans son morceau de bravoure « Glitter and Be Gay » ainsi que sa versatilité scénique. Meredith Arwady est une Old Lady pas toujours très nuancée dans ses effets comiques mais son tango « I’m easy assimilated » avait beaucoup de panache, tandis que Schyler Vargas avait belle allure en Maximilien.
Joseph Colaneri a dirigé avec une énergie toujours contrôlée cette superbe comédie à la tête d’un impeccable ensemble festivalier, dont le chœur, préparé par Katherine Kozak, assurait vocalement et scéniquement la partie la plus vivante de la mise en scène.
Le site du Festival de Glimmerglass
Olivier Brunel
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