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Flatteuse réputation chopinienne Châteauroux Vic-Nohant (Domaine de George Sand) 07/24/2023 - Frédéric Chopin : Deux Nocturnes, opus 48 : 1. en ut mineur – Ballades n° 1, opus 23, et n° 4, opus 52 – Quatre Mazurkas – Scherzo n° 2, opus 31 – Polonaise n° 5, opus 44 – Nocturne en ut dièse mineur – Sonate pour piano n° 2 « Funèbre », opus 35 Janusz Olejniczak (piano)
De 1839 à 1847, Chopin passa chez George Sand des années capitales tant pour sa vie personnelle que dans son parcours de compositeur. Depuis plus d’un demi‑siècle, le Nohant Festival Chopin célèbre donc son œuvre et, au‑delà, le piano et les pianistes. Du 3 juin au 26 juillet, les trente‑cinq concerts et spectacles de la cinquante‑septième édition, intitulée « Les voyages de Frédéric Chopin », ne dérogent pas à la tradition, invitant non seulement des musiciens confirmés (Leif Ove Andsnes, Nelson Goerner, François‑Frédéric Guy, Alexeï Lubimov...) et des nouveaux talents (Mao Fujita, Alexandre Malofeev, Joseph Moog...) mais aussi trois jeunes femmes qui bénéficient des classes de maître (publiques) d’Yves Henry, président de la manifestation.
J. Olejniczak (© Martine Le Caro)
Janusz Olejniczak (né en 1952), sixième prix au Concours Chopin en 1970, fut le Chopin de La Note bleue de Zulawski et les mains d’Adrien Brody (Wladyslaw Szpilman) dans Le Pianiste de Polanski. Fidèle du festival berrichon, il remplit sur son seul nom la bergerie en programmant un répertoire dans lequel il est précédé d’une très flatteuse réputation. Débutant par un étrange Nocturne en ut mineur (1841) où l’expression semble venir davantage de la main gauche que d’une main droite très... droite et imperturbable, pour ne pas dire glaciale, il enchaîne avec une Première Ballade (1835) où chaque qualité trouve hélas sa contrepartie dans un défaut : main gauche impérieuse mais grosses erreurs dans l’exécution, refus de la facilité mais manque de couleur et d’expression, piano minéral mais Bechstein sonnant avec une dureté inhabituelle, articulation soignée mais excès de pédale.
Les quatre Mazurkas qu’il a sélectionnées lui offrent l’occasion, pour l’une d’entre elles, de passer à un Pleyel de 1844 tout récemment restauré, qui semble apporter davantage de moelleux dans la sonorité et de souplesse dans le jeu. Mais c’est seulement le Deuxième Scherzo (1837) qui marque, en fin de première partie du récital, comme la libération d’un feu, d’une urgence, d’une bravoure quasi lisztienne, même si, dans son galop fougueux, le cheval refuse parfois l’obstacle technique.
Après l’entracte, un phrasé trop heurté déçoit dans la Polonaise en fa dièse mineur (1841), tandis que le Pleyel, comme en sourdine, rend justice au fameux Nocturne en ut dièse mineur (1830), où Olejniczak n’est cependant pas exempt d’affectation. Méforme d’un soir ? Toujours est‑il que la Deuxième Sonate « Funèbre » (1839) s’enlise, les lignes directrices se brisant sur de trop nombreux accidents qui viennent perturber l’écoute.
Le public ne lui en tient toutefois nullement rigueur, et obtient en bis la Deuxième des trois Valses opus 64 (1847), où le recours au Pleyel se révèle pertinent, puis la Première (1838) des deux Polonaises opus 40.
Le site du Festival Chopin de Nohant
Le site de Janusz Olejniczak
Simon Corley
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