About us / Contact

The Classical Music Network

Evian

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Evian, source de rencontres musicales

Evian
Grange au Lac
06/28/2023 -  et 26 juin 2023 (Basel)
Robert Schumann : Genoveva, opus 81 : Ouverture
Wolfgang Amadeus Mozart : Symphonie n° 41 en ut majeur « Jupiter » K. 551
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Symphonie n° 4 en fa mineur, opus 36

Berliner Philharmoniker, Zubin Mehta (direction)


(© Stephan Rabold)


On ne pouvait rêver ouverture plus grandiose et festive : l’édition 2023 des Rencontres musicales d’Evian a débuté par rien moins qu’un concert du Philharmonique de Berlin, placé sous la baguette de Zubin Mehta. La soirée a fait figure d’événement car la célèbre formation se produisait pour la toute première fois dans la petite cité thermale. Le même concert, ou presque – donné à Berlin il y a une quinzaine de jours – ayant déjà été longuement chroniqué ici, nous nous limiterons à l’essentiel. Dès son entrée dans la salle, Zubin Mehta a été longuement ovationné par le public. A 87 ans, le chef indien se déplace très lentement et il a mis du temps à arriver jusqu’au podium et à se hisser sur le tabouret installé pour lui. Durant toute la soirée, la gestuelle sera réduite à sa plus simple expression, et le maestro dirige par cœur. Dès les premières notes de l’Ouverture de Genoveva de Schumann, le temps a semblé s’arrêter, la musique s’étirant langoureusement et majestueusement. A Evian, la Symphonie « Jupiter » de Mozart a remplacé le Deuxième Concerto pour piano de Bartók, joué à Berlin. Le Mozart de Zubin Mehta a coulé de manière élégante et tranquille, de façon peut-être un peu trop calme et lisse, mais quel son et quelle précision ! C’est dans la seconde partie de la soirée, dans la Quatrième Symphonie de Tchaïkovski, que le chef et les musiciens ont donné la pleine mesure de leur talent, avec notamment des bois superlatifs, des cuivres percutants et des cordes au soyeux confondant. A la fin du concert, un large sourire a illuminé le visage de Zubin Mehta, qui a donné l’impression d’avoir été revigoré et rajeuni par cette mémorable prestation. Une nouvelle fois, le public a réservé une ovation au maestro, conscient d’avoir croisé ce soir le chemin de l’une des dernières légendes vivantes de la musique classique. On l’a dit, on ne pouvait rêver de plus belle ouverture de festival.


La soirée s’est déroulée dans la Grange au Lac, la superbe salle de concert d’Evian, une salle faite exclusivement de cèdre et de pin, nichée dans un splendide parc jalonné d’arbres centenaires et construite il y a exactement trente ans. Une salle qui n’a rien perdu de sa magie, avec son alignement de bouleaux derrière la scène et ses lustres étincelants. Directeur artistique des Rencontres musicales depuis cet été, le violoniste Renaud Capuçon a concocté une programmation prestigieuse pour marquer dignement cet anniversaire. Après les musiciens berlinois, les pianistes Martha Argerich, Alexandre Kantorow, András Schiff et Emanuel Ax, le violoncelliste Yo‑Yo Ma, le violoniste Leonidas Kavakos, le baryton Bryn Terfel, la soprano Aida Garifullina ou encore les chefs Daniel Harding, Tugan Sokhiev et Robin Ticciati, pour ne citer que les noms les plus connus, se succéderont sur la scène de la Grange au lac jusqu’au 8 juillet. Le maître de céans, Renaud Capuçon, sera sur les planches lui aussi, dans un concert exclusivement consacré à Mozart au cours duquel il dirigera l’Orchestre de chambre de Lausanne tout en assurant les parties de violon solo. Les Rencontres musicales feront également la part belle à de jeunes talents prometteurs. Le public n’aura donc que l’embarras du choix.


Fermée pendant plus d’une année et demie, la Grange au Lac a fait l’objet de travaux pour lui permettre d’accueillir les grandes formations symphoniques, sous la houlette de l’architecte Jean‑Christophe Denise, assistant de Patrick Bouchain, auquel on doit la réalisation de la salle il y a trente ans, cadeau d’Antoine Riboud, alors PDG de Danone, à Mstislav Rostropovitch. La scène a été agrandie, mais en contrepartie la jauge a dû être réduite, passant de 1 150 à 1 000 places, afin d’offrir aux orchestres l’espace nécessaire. Les deux premières rangées de fauteuils ont été supprimées. La charpente de la toiture a été réparée et les installations techniques rénovées. En ce qui concerne l’acoustique, deux grandes parois latérales ont redonné de la densité au bois – qui avait séché entretemps et perdu de son poids – pour mieux absorber le son. Le résultat est impressionnant : bien que la Grange au lac soit nettement plus petite que les salles de concert traditionnelles, le son n’a pas du tout semblé saturé ni assourdissant dans la Quatrième Symphonie de Tchaïkovski avec ses quelque soixante‑dix musiciens. Les spectateurs du premier rang semblaient presque faire partie de l’orchestre tant ils se trouvaient proches des musiciens, mais certains mélomanes apprécient sûrement d’être au plus près de l’action. Par ailleurs, il semble difficile de placer sur scène des effectifs plus importants, ce qui va limiter quelque peu le répertoire. D’autres travaux sont prévus, notamment la construction de loges et de locaux techniques.


Un second chantier d’envergure attend désormais Evian : la réalisation d’une nouvelle salle de concert, située juste à côté de la Grange au Lac et dont l’inauguration est prévue pour l’automne 2025. Le projet a été baptisé Source vive. Cette nouvelle salle, avec ses 500 places, sera principalement dédiée à la musique de chambre. Elle sera le fruit de la collaboration entre les architectes Patrick Bouchain et Philippe Chiambaretta. Elle partagera un foyer commun avec la Grange au Lac. De forme ovale, avec une conque au sommet, elle sera un mélange entre la salle de concert dite « boîte à chaussures » et la salle « en vignoble ». Complémentaires, les deux salles pourront proposer une offre musicale complète tout au long de la saison, avec une soixantaine de concerts prévus, sous la responsabilité artistique de Renaud Capuçon. Si les architectes ne souhaitent pas dévoiler le coût du projet, on sait que la construction de cette nouvelle salle sera entièrement financée par la mécène Aline Foriel‑Destezet, bienfaitrice généreuse et désormais incontournable dans le monde de la musique classique et de l’opéra, notamment en France et en Suisse. Grâce à elle, Evian est en passe de devenir une étape obligée pour tous les mélomanes.


Le site des Rencontres musicales d’Evian



Claudio Poloni

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com