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Un grand cru

Vienna
Konzerthaus
06/21/2023 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Quatuors n° 21, K. 575, n° 22, K. 589, et n° 23, K. 590
Quatuor Hagen : Lukas Hagen, Rainer Schmidt (violons), Veronika Hagen (alto), Clemens Hagen (violoncelle)


R. Schmidt, C. Hagen, V. Hagen, L. Hagen (© Harald Hoffmann)


165 concerts à leur actif, répartis sur quatre décennies (et même un peu plus si l’on compte une énigmatique première apparition en 1978, trois ans avant la création officielle de l’ensemble) : les Hagen sont bien chez eux, dans la salle Mozart du Konzerthaus à Vienne. Bien que familiers de ces lieux, ils n’en font pas moins preuve d’une certaine raideur un peu rugueuse dans l’interprétation du premier des Quatuors « Prussiens » de Mozart, où les rythmes pointés donnent parfois l’impression que les musiciens jouent le doigt sur la gâchette. La réexposition apporte un surcroît de plénitude portée par le lyrisme évocateur du violoncelle de Clemens Hagen. Peu à peu, les aspérités s’estompent pour laisser place à une grâce sereine et à une splendeur sonore d’une intensité comme nous n’en avions pas entendu depuis longtemps.


Fidèles à leur approche, les Hagen ne s’embarrassent pas d’affects superflus. Les trios des menuets sont un terrain de jeu particulièrement propice à l’expérimentation ; les mouvements lents révèlent dans leur dépouillement (l’Andante du K. 575, le Larghetto du K. 589) des lignes qui se mêlent et se séparent avec une attention millimétrée. La musique de Mozart annonce parfois sous leurs archets l’abstraction d’un Beethoven à venir, déployant une palette kaléidoscopique d’accents, de développement quasi abstraits des cellules musicales, d’écarts de tessitures extrêmes. L’Allegro final du K. 590 file de l’avant au point de sembler surprendre les interprètes eux‑mêmes dans les ultimes mesures.


Avec une moyenne d’âge qui approche la soixantaine et une perfection instrumentale qui n’est plus aussi infaillible qu’antan, les Hagen enchaînent toutefois, comme par miracle, les moments de grâce les uns après les autres. Les applaudissements babyloniens d’une salle comble célèbrent cette performance en tout point admirable, avec une vigueur peu commune dans les récitals de musique de chambre, ponctués de vivats et de roulements de pieds.



Dimitri Finker

 

 

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