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Septembre en juin Montreux Veytaux (Château de Chillon) 06/07/2023 - Claude Debussy : Sonate n° 1 pour violoncelle et piano
Gabriel Fauré : Elégie pour violoncelle et piano, opus 24
Jules Massenet : Méditation de Thaïs Gautier Capuçon (violoncelle), Jérôme Ducros (piano)
J. Ducros, G. Capuçon (© Céline Michel)
C’est en juin que vient de se tenir exceptionnellement, à cause de futurs travaux à l’Auditorium Stravinsky où a lieu le plus gros des concerts, la soixante‑dix‑septième édition du prestigieux Septembre Musical de Montreux‑Vevey. Cette édition a mal commencé, avec l’annulation de son concert d’ouverture, qui mettait à l’affiche la comédienne/chanteuse Jane Birkin (accompagnée par l’Ensemble symphonique Neuchâtel) pour un hommage à Serge Gainsbourg.
Mais c’est dans le plus modeste, bien qu’historiquement plus intéressant et visuellement plus beau, château de Chillon, sis à l’extrémité est du lac Léman sur la commune de Veytaux, en banlieue de Montreux, que nous avons assisté au pénultième concert du millésime 2023 du festival. Un concert qui mettait en avant la vieille complicité qui unit le violoncelliste Gautier Capuçon au pianiste Jérôme Ducros, pour une exécution de trois perles de la musique de chambre française, à commencer par la Sonate pour violoncelle et piano (1915) de Debussy, qui s’ouvre sur un Prologue conquérant et majestueux clamé par le piano, bientôt secondé par les arabesques mélancoliques du violoncelle auxquelles se mêle l’agitation angoissée du clavier ; la Sérénade médiane se montre encore plus chaotique avec ses pizzicati qui répondent à la figure fantasque et versatile de Pierrot (auquel elle doit son inspiration). Et le Finale virtuose conclut sur des sonorités hispanisantes que les deux compères parent d’une joyeuseté toute méditerranéenne.
C’est dans sa version pour violoncelle et piano que la fameuse Elégie (1880) de Fauré, originellement écrite pour violoncelle et orchestre, résonne, interprétée sans exagération par les deux solistes, leur recherche pour cette courte pièce ne visant pas la déploration ou le côté larmoyant, mais plus simplement la réserve et la pudeur, ce qui est tout à leur honneur, là où tant d’artistes se réfugient dans le pathos. Et c’est avec l’encore plus célèbre Méditation de Thaïs que se clôt ce court concert. Là également, pas d’esbroufe, et avouons que la page perd un peu de son éclat en passant du violon au violoncelle, mais l’émotion est bien au rendez‑vous, et c’est bien là l’essentiel.
La soirée se termine avec une série de bis tous extraits du dernier album de Gautier Capuçon, où les airs d’opéra alternent avec la chanson française et les musiques de film, ce qui a eu l’heur de plaire au public (venu nombreux, le concert affichant complet), même si l’auteur de ces lignes y a été moins sensible...
Emmanuel Andrieu
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