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Le Vaisseau fantôme 180 ans après

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
05/15/2023 -  et 13 mai 2023 (Tourcoing)
Richard Wagner : Der fliegende Höllander
James Rutherford (Der Höllander), Ingela Brimberg (Senta), Maximilian Schmitt (Erik), Karl‑Heinz Lehner (Daland), Dimitri Ivanchey (Der Steuermann), Dalia Schaechter (Mary)
Chor der Oper Köln, Les Siècles, François‑Xavier Roth (direction)


F.‑X. Roth (© Mark Allen)


Premier opéra vraiment « wagnérien », Le Vaisseau fantôme doit encore beaucoup à Weber et au premier romantisme. C’est ce que nous rappelle François‑Xavier Roth, qui ne l’annexe pas à la Tétralogie, comme le firent – souvent génialement – certains chefs du passé. Orchestre réduit jouant sur des instruments allemands de l’époque, clarté des textures, vivacité des couleurs, spontanéité des élans, nous rapprochent sans doute, 180 ans après, de ce que fut la création à Dresde en 1843. Le chef français a également le sens du théâtre, même si l’Ouverture peut sembler assez littérale et le premier acte assez convenu. Mais tout va crescendo, la tension s’accroît puis culmine au troisième acte, où le fantastique émerge à travers une noirceur oppressante.


Le chœur y contribue beaucoup, celui de l’Opéra de Cologne, magnifique – il faut ici un vrai chœur d’opéra. Les solistes assurent bien, sans dessiner des figures mémorables. Plus résigné que révolté, le Hollandais de James Rutherford manque de mordant et de grave, ce que compensent une homogénéité de la tessiture et une belle ligne de chant là où d’autres éructent. Ingela Brimberg a plus le format d’une Walkyrie que d’une Senta, avec une Ballade ignorant trop la nuance, un aigu moins assuré dans la scène finale, mais si elle est plus robuste que subtile, elle a un tempérament, une présence, beaucoup plus hallucinée que son Hollandais. Maximilian Schmitt chante un Erik stylé, un peu monochrome, dont on ne sent pas assez la souffrance. Pas moins stylé le Hagen de Karl‑Heinz Lehner, une vraie basse, sans néanmoins la truculence cupide du personnage. Mary bien campée mais pas toujours très homogène de Dalia Schaechter, excellent Pilote de Dimitri Ivanchey. Une distribution de belle école dans l’ensemble, à laquelle manque une dimension.



Didier van Moere

 

 

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