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Prestigieuses raretés

Vienna
Konzerthaus
05/09/2023 -  et 4 (Bergamo), 8  (Budapest), 10 (Linz) mai 2023
Serge Rachmaninov : Concerto pour piano et orchestre n° 3, opus 30
Igor Stravinsky : Chant funèbre, opus 5
Serge Prokofiev : Symphonie n° 7, opus 131

Mao Fujita (piano)
Filarmonica della Scala, Riccardo Chailly (direction)


M. Fujita, R. Chailly (© Andrea Humer)


Une première, et deux relatives raretés : le programme de cette mini‑tournée (trois villes de proximité en trois jours) regroupe des pièces moins souvent produites sur la scène du Konzerthaus qu’on ne pourrait l’imaginer s’agissant de compositeurs clefs. La redécouverte récente de la partition de l’Opus 5 de Stravinsky explique sans difficulté sa nouveauté : enregistrée dès 2018 par l’insatiable Riccardo Chailly et son Orchestre du Festival de Lucerne, l’œuvre mérite bien plus qu’une attention polie. Le Philharmonique de la Scala ne possède certes pas la luxuriance de la phalange transeuropéenne ; l’empilement graduel des strates d’instruments est cependant conduit avec suffisamment de raffinement pour générer un continuum de tension qui tient jusqu’à la double barre finale.


Il est en revanche plus surprenant de ne compter qu’une petite dizaine d’exécutions (dont deux récentes par Yuja Wang) sur plus d’un siècle de concerts pour un concerto habituellement considéré comme un cheval de bataille des concours internationaux. Il n’y a absolument rien de démonstratif ou de monumental dans l’approche du pianiste japonais Mao Fujita (deuxième prix du dernier Concours Tchaïkovski, derrière notre Alexandre Kantorow national) : engoncé dans une tunique noire qui dissimule sa silhouette tout autant que son âge (24 ans), le soliste au visage de poupon est enveloppé par un cocon orchestral au sein duquel il dialogue avec un bonheur ludique. Les phrasés sont rigoureusement sculptés, les nuances soignées, les changements de tempo relancés avec une émotion instinctive, souvent étonnante de maturité. L’accompagnement fusionne les timbres des pupitres, dans une sonorité un peu globalisante mais qui ne cache aucun détail. Les bois développent des timbres racés, les cordes sont investies d’une commune vigueur qui rameute jusqu’aux derniers pupitres : Chailly sait en tout cas faire jaillir avec gourmandise les détails harmoniques de la partition, l’œil brillant et la baguette persuasive. Il reste en de compte une interprétation conduite avec doigté, humanisante, qui parvient à minimiser les aspérités sans perdre en effervescence.


L’ultime symphonie de Prokofiev est encore moins régulièrement donnée : le chef italien y fait passer des nuages mélancoliques entre deux rayons d’humour, cultivant une sonorité concentrée, parfois percussive dans les vents. Il y a des touches de Rossini, de Nino Rota dans cette lecture ! C’est avant tout son sens du dramatique qui emmène l’œuvre, la déroulant sans temps mort dans un scenario parfaitement réglé. Les deux variantes de la coda sont présentées tour à tour dans un ultime clin d’œil au public.



Dimitri Finker

 

 

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