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Domingo à Monaco Monaco Monte‑Carlo (Opéra) 04/21/2023 - Umberto Giordano : Andrea Chénier : « Nemico della patria »
Léo Delibes : Lakmé : « Prendre le dessin d’un bijou »
Arrigo Boito : Mefistofele : « Son lo spirito »
Giuseppe Verdi : Nabucco : « Va pensiero » & « Son pur queste mie membra! » – Macbeth : « Pietà, rispetto » – La forza del destino : « La Vergine degli angeli »
Wolfgang Amadeus Mozart : Don Giovanni, K. 527 : « Là ci darem la mano » – La clemenza di Tito, K. 621 : « Parto, parto... »
Georges Bizet : Les Pêcheurs de perles : « Au fond du temple saint »
Gaetano Donizetti : Don Pasquale : « Quel guardo il cavaliere »
Gioachino Rossini : Otello : « Assisa a’ piè d’un salice » – La Cenerentola : « Miei rampolli femminini »
Pablo Sorozábal : La tabernera del puerto : « No puede ser » Cecilia Bartoli (mezzo), Plácido Domingo (ténor), Ildar Abdrazakov (basse), Nicola Alaimo, Alessandro Corbelli (barytons), Rebca Olvera (soprano), Edgardo Rocha (ténor)
Chœur de l’Opéra de Monte-Carlo, Orchestre Philharmonique de Monte‑Carlo, Gianluca Capuano (direction)
(© André Peyrègne)
Plácido Domingo voulait se faire pardonner auprès du public de Monaco d’avoir annulé le mois dernier sa participation à La Traviata dans le rôle de Germont. « Je reviendrai dès que possible », avait‑il promis dans un message envoyé au public. Il a tenu parole. Un concert « de gala » a été organisé autour de sa personne en supplément à la saison lyrique monégasque.
Acclamé dès son entrée, il n’a rien perdu de sa prestance ni de son volume sonore. A 81 ans, il pousse encore des sons à faire vibrer les murs. De sa voix de baryton teintée d’un timbre de ténor, il nous offrit les airs d’André Chénier (rôle de Gérard), Don Giovanni, Les Pêcheurs de perles, Macbeth ainsi que d’une zarzuela de Sorozábal, La Tavernière du port. On était dans le répertoire dramatique. Fier et droit, le grand Domingo était robuste face à son public.
Ce soir‑là, il ne fut pas seul en scène. Il était entouré par les solistes qui venaient de participer à Monaco à l’extraordinaire spectacle du Barbier de Séville mis en scène par Rolando Villazón (spectacle donné à Salzburg l’été dernier). En premier lieu Cecilia Bartoli, devenue depuis janvier directrice de l’Opéra de Monte‑Carlo, aux vocalises toujours éblouissantes et à la bonne humeur communicative. On l’entendit dans La Clémence de Titus, Otello de Rossini mais aussi – plus inattendu – dans un air de La Force du destin où elle déploya toute sa musicalité.
On vit l’époustouflant Nicola Alaimo arriver sur scène en... trottinette (comme il l’avait fait dans Le Barbier de Séville). Ce baryton qui habite son grand corps avec une souplesse d’elfe est aussi impressionnant vocalement que théâtralement. On eut droit aussi à un imposant Ildar Abdrazakov dans Mefistofele de Boïto. Ce rôle lui va comme un gant – gant qu’il n’aurait pu enfiler, ses mains ayant été transformées en pattes d’épervier ! (Là aussi, un reste de la mise en scène du Barbier de Séville). Le baryton Alessandro Corbelli qui, septuagénaire, fait partie de la génération Domingo, nous fit un épatant Magnifico de Cendrillon de Rossini. Les voix aiguës n’étaient pas en reste avec Edgardo Rocha, qui a tout le charme d’un ténor rossinien, et la délicieuse soprano Rebeca Olvera.
Le chœur, au garde‑à‑vous dans sa tenue de grand soir, et le Philharmonique de Monte‑Carlo, dans la fosse, étaient dirigés par Gianluca Capuano, chef d’ordinaire habitué à diriger à Monaco l’orchestre baroque des Musiciens du Prince.
Comme on pouvait s’y attendre, tout le monde se retrouva à la fin dans le « Libiamo » de La Traviata ainsi que dans un O sole moi d’anthologie. C’est sur cet ultime rayon de soleil que les feux se sont éteints sur la saison lyrique monégasque.
André Peyrègne
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