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Le Festival de Pâques d’Aix-en-Provence a 10 ans !

Aix-en-Provence
Grand Théâtre de Provence
04/03/2023 -  
Ernö Dohnányi : Szimfonikus percek, opus 36
Béla Bartók : Concerto pour violon n° 1, Sz. 36, BB 48a
Richard Strauss : Don Juan, opus 20 – Salome, opus 54 : « Danse des sept voiles » – Till Eulenspiegels lustige Streiche, opus 28

Renaud Capuçon (violon)
Budapesti Fesztiválzenekar, Iván Fischer (direction)


I. Fischer, R. Capuçon (© Caroline Doutre)


Dix ans déjà ! Dix années que le Festival de Pâques d’Aix‑en‑Provence enchante un public toujours plus nombreux, à la fois local et international, en accueillant phalanges prestigieuses – à l’instar de ce soir avec la venue de l’Orchestre du Festival de Budapest sous la baguette de son fondateur et directeur Iván Fischer – et solistes d’envergure mondiale, mais tout en donnant aussi sa chance à la jeune relève d’artistes à l’orée de carrières prometteuses. Cette dixième édition ne déroge bien évidemment pas à cette règle, que se sont donné Dominique Bluzet et Renaud Capuçon, les deux directeurs artistiques de la manifestation provençale (le second étant par ailleurs le soliste de la soirée), et c’est ainsi des artistes de la trempe de Martha Argerich, David Fray, Alexandre Kantorow ou Igor Levit, et des phalanges comme la Philharmonie tchèque, l’Orchestre du Gürzenich de Cologne ou l’Oorchestre de Paris qui prendront leurs quartiers pascaux dans la ville du bon Roy René.


Le concert du 3 avril accueillait donc, pour la deuxième fois de sa jeune vie, le fabuleux Orchestre du Festival de Budapest (fondé en 1983, et qui fête donc lui son quarantième anniversaire) pour un programme austro‑hongrois, avec des œuvres de Dohnányi, Bartók et Strauss. La soirée débute par les rares Minutes symphoniques (1933) de Dohnányi, donnant des accents très Mitteleuropa au tour de chauffe de la rutilante phalange hongroise, où se distingue particulièrement la petite harmonie. Ces miniatures aux rythmes alertes et savamment colorés ne manquent pas de saveur et mériteraient vraiment d’être mises plus souvent au programme des salles de concert.


C’est ensuite que le toujours sémillant Renaud Capuçon, d’autant plus à l’aise et heureux d’être là qu’il est chez lui, fait son entrée sur le vaste plateau du Grand Théâtre de Provence, son Guarneri de 1737 fermement tenu à la main. Musique hongroise encore avec le Premier Concerto (1908) de Bartók. Longtemps restée partiellement inédite, cette pièce marque l’exaltation amoureuse du jeune compositeur pour la violoniste Stefi Geyer, qui repoussa ses avances. En deux mouvements, contrastés, mais associés par un même motif de quatre notes, il trace le portrait idéalisé de la femme aimée sans retour (Andante sostenuto), puis de l’artiste admirée (Allegro giocoso), mouvement demeuré inédit jusqu’en 1958. Le premier mouvement laisse une excellente impression par le soin apporté aux phrasés par le chef, autant que par la sonorité enjôleuse du soliste, tandis que le second se montre incisif et tranchant à souhait, un piccolo badin et jovial venant donner une note humoristique.


Après l’entracte, place à Richard Strauss à travers trois de ses pièces symphoniques les plus souvent jouées en concert. Fischer lance d’abord ses musiciens à l’assaut du poème symphonique Don Juan (1887), dans lequel le jeune Strauss brosse le portrait d’un héros partagé entre volonté de puissance nietzschéenne et pessimisme ravageur à la Schopenhauer. L’orchestre en donne une interprétation irrésistible et pétillante, répondant comme un seul homme à la moindre sollicitation de son directeur musical : il faudra louer en premier lieu un violon solo particulièrement inspiré et un infaillible pupitre de cors. Mais c’est au chef que reviennent les plus beaux lauriers grâce à sa conception à laquelle rien ne manque : cohérence dramatique globale, force vitale, articulation claire du discours et plans sonores impeccables. Bref, une vraie leçon de direction d’orchestre !


Un bonheur renouvelé dans la fameuse « Danse des sept voiles » de Salomé (1905), d’une vénéneuse sensualité avant les déchaînements orchestraux finaux, obtenus par un orchestre chauffé à blanc, qui ne manquent pas de tirer des vivats enthousiastes d’un public médusé. La soirée se termine par le non moins célèbre Till l’Espiègle (1894), pièce orchestrale tout en facétie et malice, dans laquelle la direction de Fischer éblouit une dernière fois : une lecture nerveuse, un travail d’ensemble et pupitre par pupitre, une musicalité foncière magnifient cette partition pleine de charme et d’exaltation communicative.


Facétie encore avec un bis des plus originaux, où – sous le regard amusé d’Iván Fischer – se forme un quatuor violon, contrebasse, clavier et batterie pour interpréter une improvisation jazzy, avant qu’une autre formation violon, alto et contrebasse ne prenne le relais pour jouer une étourdissante et virtuosissime pièce tzigane qui met le public en délire... et debout !



Emmanuel Andrieu

 

 

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