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Sokolov, ce colosse Monaco Monte-Carlo (Auditorium Rainier III) 04/05/2023 - et 14 (Modena), 21 (Oviedo), 23 (Bilbao), 25 (Valencia), 27 (Madrid) février, 1er (Barcelona), 7 (Stuttgart), 13 (Firenze), 17 (Budapest), 20 (Lisboa), 22 (Porto), 27 (Parma) mars, 1er (Fermo), 3 (Roma), 15 (Málaga), 22 (Elmau), 26 (Düsseldorf), 28 (Hamburg), 30 (Hannover) avril, 2 (Frankfurt), 4 (Berlin), 7 (München), 11 (Paris), 13 (Zürich), 17 (Milano), 21 (Helsinki), 24 (Wien), 29 (Köln) mai, 2 (La Chaux-de-Fonds), 4 (Amsterdam), 6 (Groningen), 11 (Liège), 13 (Vevey), 19 (Riga), 24 (Ubeda), 30 (Mülheim an der Ruhr) juin, 6 (Bad Kissingen), 10 (Colmar), 12 (Kiel), 14 (Wiesbaden), 27 (Waterloo), 30 (Aix-en-Provence) juillet, 11 août (Salzburg) 2023 Henry Purcell : A Ground in Gamut en sol majeur, Z 645 – Suite n° 2 en sol mineur, Z 661 – A New Irish Tune [Lilliburlero] en sol majeur, Z 646 – A New Scotch Tune en sol majeur, Z 655 – Trumpet Tune, called « The Cibell » en do majeur, ZT 678 – Suite n° 4 en la mineur, Z 663 – Rondo en ré mineur, ZT 684 – Suite n° 7 en ré mineur, Z 668 – Chaconne en sol mineur, ZT 680
Wolfgang Amadeus Mozart : Sonate pour piano n° 13 en si bémol majeur, K. 315c [333] – Adagio en si mineur, K. 540 Grigory Sokolov (piano)
G. Sokolov (© E. Berg)
Grigory Sokolov entre en scène, silhouette de colosse couronnée de cheveux blancs, visage à l’impassibilité de sphinx. Il se dirige vers son piano, salue brièvement et s’isole au clavier. On a l’impression qu’il s’enferme dans sa musique et que rien ne pourrait l’en distraire – pas même le public. Il est là, devant son piano, tête penchée en avant. Pendant plus d’une demi‑heure, il va enfiler les perles d’un collier de petites œuvres de Purcell. On a beau aimer Purcell, l’enchaînement ininterrompu de ces pièces qui se ressemblent confine à la monotonie. Seulement voilà, sous les doigts de Sokolov cette monotonie devient sublime ! La manière dont il joue les trilles est unique. Aucun pianiste ne réalise les trilles aussi bien que lui ! Son jeu atteint la perfection dans ce répertoire baroque qui date d’une époque où le piano n’existait pas. Sokolov réveille des sonorités endormies comme autant de joyaux oubliés.
En seconde partie, la monotonie n’est plus de mise. On est emporté par la jubilation d’une sonate de Mozart, riche de thèmes espiègles, de phrases aériennes et de modulations subtiles. Sous les doigts de Sokolov, chaque note est un diamant. Son interprétation présente le paradoxe d’une légèreté du jeu et d’une profondeur du son. On est aux anges.
Le public exulte. Sokolov le salue sans sourire et se fait un plaisir de lui offrir... six bis : préludes de Chopin et de Rachmaninov, mazurka de Chopin ou encore ce divin prélude de Bach transcrit par Siloti.
Sokolov peut être qualifié de cette formule que Cocteau inventa pour Sarah Bernhardt, morte il y a cent ans : « Un monstre sacré ! »
André Peyrègne
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