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30 ans, ça se fête !

Paris
Boulogne-Billancourt (La Seine musicale)
03/18/2023 -  et 12 (Monte‑Carlo), 15 (Metz), 16 (Paris) mars 2023
Felix Mendelssohn : Vom Himmel hoch – Christus, opus 97 (extraits) – Trois Motets, opus 69: 1. « Nunc dimittis » – Sechs Sprüche, opus  79 : 6. « Am Karfreitag » – Die erste Walpurgisnacht, opus 60
Wolfgang Rihm : Fragmenta passionis : II. « Da schrien alle »

Hélène Carpentier (soprano), Hilary Summers (alto), Stanislas de Barbeyrac (ténor), Thomas Oliemans/Florian Sempey* (baryton)
accentus, Frank Markowitsch (chef de chœur), Insula orchestra, Laurence Equilbey (direction)
Cécile Trelluyer (création lumières)


(© Julien Benhamou)


30 ans... ça se fête ! C’est l’âge respectable atteint par le chœur de chambre accentus, fondé et dirigé par l’infatigable Laurence Equilbey, en mars 1991 – car son véritable âge est de 32 ans, mais la covid avait gâché la fête en 2021, avant d’empêcher celle des 10 ans de l’Insula orchestra l’an passé ! Et c’est aux côtés de cette même formation musicale (fondée en 2012 par Equilbey et jouant sur instruments d’époque) que le chœur s’est produit, à La Seine musicale, qui est leur port d’attache depuis l’inauguration du vaisseau futuriste posé sur la Seine il y a bientôt six ans. Et hors une courte pièce de trois minutes de Wolfgang Rihm, c’est à des ouvrages de la main de Felix Mendelssohn que la soirée était entièrement dédiée, un compositeur particulièrement cher aux deux ensembles, et bien sûr à leur directrice. Elle s’est entourée de quatre chanteurs d’exception, dont les deux premiers (Stanislas de Barbeyrac et Florian Sempey) étaient déjà de la partie lors du concert d’inauguration de La Seine musicale, auxquels s’ajoutent ce soir Hélène Carpentier et Hilary Summers.


Le programme débute par la cantate Vom Himmel hoch, en six parties, que Mendelssohn composa en Italie autours des années 1830, alors qu’il venait juste de ressusciter la Passion selon saint Matthieu de Bach, et son style en est naturellement pétri. Mais il sait se montrer spontané et original quand il s’agit de formuler le sentiment religieux d’un choral : c’est l’accompagnement qui, variant à chaque nouveau mouvement, module et amplifie la splendeur du chant. Quant à son fameux oratorio (inachevé) Christus, qui date des années de maturité et dont plusieurs extraits font suite, il donne cependant une impression d’imperfection qui n’est pas seulement le fruit de son incomplétude. Du grand oratorio calqué sur le modèle du Messie de Haendel, on ne possède qu’un épisode de la Nativité et le dialogue entre Pilate et la foule des Juifs, suivi d’un chœur de lamentation des Filles de Sion, tous trois donnés ici. Malgré les beautés de ces passages, brillamment défendus par les solistes et par le chœur, on sent que l’auteur n’a pas pu leur donner une profondeur supplémentaire. Il n’en demeure pas moins vrai que le chœur paraît irréprochable, d’une grande pureté d’intonation et de couleurs, tandis que Barbeyrac et Sempey rivalisent de flamboyance vocale dans l’annonce du « nouveau Roi des Juifs ». Après le bref motet « Nunc dimittis » chanté a cappella, la soirée est marquée par une rupture de ton avec l’insertion d’un extrait des Fragmenta passionis de Wolfgang Rihm, d’un effet saisissant quand les trente‑deux membres du chœur chuchotent d’abord, avant de se mettre à crier, de plus en plus fort, « Kreuzige ihn ! » (« Crucifiez‑le ! »), puis la première partie du concert se termine par un autre bref passage a cappella, avec le choral des Six Motets, évoquant le Vendredi Saint.


La seconde partie se tourne vers le chant profane, après une première partie entièrement tournée vers le chant sacré, avec l’impressionnante « ballade dramatique » La Première Nuit de Walpurgis d’après Goethe, composée en 1833 (et révisée en 1843). Mendelssohn se détourne ici de Bach pour lorgner vers Schumann, composant une fresque de grande ampleur (d’une quarantaine de minutes), pourvue d’un vaste effectif orchestral et choral, incluant trois solistes vocaux, tous plongés dans une véritable tornade musicale. Florian Sempey, qui a considérablement minci sans rien perdre de son impressionnante projection vocale, s’en donne à cœur joie dans ses interventions qui ne passent pas inaperçues, tant s’en faut, de même que celles de ses consœurs Hélène Carpentier et Hilary Summers, qui ne sont nullement bousculées par la rapidité du tempo. Excellent de prononciation comme de couleurs, accentus rivalise avec un Insula orchestra d’une folle énergie, fouetté par la baguette précise et amoureuse de Laurence Equilbey.


Acclamée par une salle conquise, la cheffe finit par obtenir le silence pour remercier les pouvoirs publics, dédier la soirée à feu Patrick Devedjian (dont l’auditorium de La Seine musicale porte le nom) puis, citant l’exemple de l’empereur Joseph II, monarque éclairé et protecteur des arts, offre en bis un extrait de la cantate que Beethoven composa en 1790 pour ses funérailles, enchaînant une nouvelle salve d’applaudissements nourris à son issue.


Le site d’accentus



Emmanuel Andrieu

 

 

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