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Côte Ouest

Paris
Philharmonie
03/10/2023 -  
Steven Stucky : Radical Light
Samuel Barber : Concerto pour violon, opus 14
Jean Sibelius : Symphonie n° 5, opus 82

Johan Dalene (violon)
San Francisco Symphony, Esa‑Pekka Salonen (direction)


E.‑P. Salonen (© Ondine Bertrand)


L’ombre du Golden Gate Bridge plane sur la Porte de Pantin ce weekend entièrement dédié au San Francisco Symphony, orchestre prestigieux absent de Paris depuis sept ans et à son nouveau directeur musical, Esa‑Pekka Salonen.


Alors que France Musique consacrait cette semaine sa galerie de portraits « Les grands entretiens », passionnante série d’émissions pour lève‑tôt ou couche‑tard, au chef et compositeur finlandais Esa‑Pekka Salonen, qui nous ont appris beaucoup sur les rapports d’un compositeur de la génération post‑Darmstadt à la création musicale et les ambiguïtés d’un chef par rapport à ses propres compositions, pas moins de quatre concerts ont eu lieu à la Porte de Pantin, dont à la Cité de la Musique une « expérience immersive et spatialisée croisant toutes les cultures musicales » avec le compositeur américain Nico Muhly et la pianiste Yuja Wang ainsi qu’un projet pédagogique pour enfants et deux concerts dans la grande salle de la Philharmonie. Les deux affichant des programmes singuliers savamment concoctés par le Finlandais faisant place à la création musicale californienne.


Le premier s’ouvrait sur une longue composition (16 minutes) du Californien Steven Stucky (1946‑2016) qu’Esa‑Pekka Salonen avait créée à Los Angeles en 2007. Radical Light explore des climats souvent anxiogènes et avoue son influence de Sibelius (la pièce a été créé lors d’un festival dédié au compositeur finlandais) par les recherches de timbres orchestraux comme la sophistication de ses tempi contrastés. Son mouvement unique, son architecture en épisodes parfaitement agencés, sa lenteur et l’étrangeté de ses couleurs procurent une fascination sonore certaine tout à fait propre à ouvrir un programme si élaboré.


Suivait le Concerto pour violon de Barber (1910‑1981), créé à Philadelphie en 1941 sous la direction d’Eugene Ormandy. Si l’orchestre exaltait l’intense lyrisme de cette pièce, on restait un peu sur sa faim pour la partie soliste tant le jeune violoniste suédo-norvégien Johan Dalene, dont la virtuosité est époustouflante particulièrement dans le final de cette pièce, a une sonorité maigre qui passe difficilement la rampe de la grande salle parisienne. Impression confirmée avec la virtuosissime Quatrième Sonate d’Eugène Ysaÿe donnée en bis.


Morceau de résistance de la soirée, l’imposante Cinquième Symphonie de Sibelius, à laquelle Salonen conférait toute sa dimension tragique tout en exaltant ses rapports à la nature, permettait d’apprécier toutes les qualités individuelles et d’ensemble de cette merveilleuse phalange sans pour autant donner l’impression d’une démonstration d’orchestre en tournée voulant à tout prix prouver sa suprématie internationale. Le déroulement dramatique de son long troisième mouvement, la précision de l’orchestre et l’apothéose finale avec la somptuosité des cuivres resteront un grand souvenir de profonde plongée dans ce monde symphonique si original.


Le concert s’est achevé, toujours avec Sibelius, par deux bis généreux, l’Alla Marcia de la Suite Karelia et une impressionnante Valse triste, qui, tout en gardant sa mélancolie et son mystère, n’avait pas le côté sucré qu’on lui confère trop souvent, Salonen s’étant appliqué à exalter la profonde originalité de son architecture orchestrale.



Olivier Brunel

 

 

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