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Exigence München Isarphilharmonie 02/24/2023 - et 25*, 26 (München), 27 (Paris), 28 (Amsterdam) février 2023 Gustav Mahler : Symphonie n° 6 Münchner Philharmoniker, Lorenzo Viotti (direction) L. Viotti (© Tobias Hase)
Lorenzo Viotti, 32 ans, s’est déjà produit à plusieurs reprises avec l’Orchestre philharmonique de Munich. En dépit du fait que cette série de trois concerts est donnée durant une période de vacances scolaires, la salle était comble pour entendre le jeune chef Lausannois que le public munichois commence à connaitre et apprécier.
En dépit de sa jeunesse, Lorenzo Viotti est familier de la musique de Gustav Mahler, qu’il a dirigée à Vienne et à Berlin, où il avait en 2020 remplacé Yannick Nézet‑Séguin. Voici sous sa baguette une lecture personnelle. Très présent, le chef fait très attention à communiquer avec ses musiciens. Les tempi sont variés et les rubatos favorisent l’expression, ce qui convient très bien à une œuvre où Mahler fait tant alterner des sentiments aussi variés.
Le premier mouvement (Allegro energico, ma non troppo) est redoutable. Joué ici sans reprise, la mise en place est certes impeccable mais les musiciens peinent à trouver un équilibre sonore. Le son est compact, les tutti écrasent un peu les cordes et certains ensembles peuvent trouver dans ces pages un fortissimo plus marqué et plus flamboyant sans sacrifier de couleurs. Le Scherzo, enchaîné sans pause, est plus réussi, le chef étant attentif aux multiples ruptures de ce mouvement. Les musiciens sont plus à leur aise dans l’Andante moderato, apportant un soin particulier à la continuité de la musique dont les thèmes passent d’un pupitre à l’autre. Le finale apporte des éclairages intéressants. Certains détails instrumentaux ressortent, le sforzando des harpes au début du mouvement, des équilibres entre parties aux cordes... Viotti trouve la dimension de ce mouvement monumental où les moments d’excitation extrême font place à une certaine désolation. Mais dans l’ensemble, comme pour la Troisième Symphonie donnée en décembre dernier par ce même orchestre à Baden‑Baden, l’exécution est solide mais pourrait être un peu plus caractérisée.
Comme souvent, cette symphonie ne laisse jamais indifférents musiciens et public mais elle reste d’une rare exigence.
Antoine Lévy-Leboyer
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