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Villes et animaux

Lausanne
Salle Métropole
02/22/2023 -  et 23 février 2023
Albert Roussel : Le Festin de l’araignée, opus 17
Maurice Ravel : Histoires naturelles (orchestration Anthony Girard)
Benjamin Britten : Les Illuminations, opus 18
Joseph Haydn : Symphonie n° 104 en ré majeur « London », Hob. I:104

Stéphane Degout (baryton)
Orchestre de Chambre de Lausanne, Barbara Hannigan (soprano, direction)


B. Hannigan (© Marco Borggreve)


Pour sa première apparition à Lausanne, Barbara Hannigan a attiré la foule des grands soirs. Accompagnée par l’Orchestre de Chambre de Lausanne, elle a subjugué le public dans Les Illuminations de Britten, où elle officiait à la fois comme cheffe et comme chanteuse. Le point fort de la prestation de la soprano canadienne a été la force évocatrice de son interprétation, renforcée par son articulation particulièrement prononcée ainsi que par son jeu d’actrice avec de grands gestes suggestifs, sans parler de son aisance vocale tout au long de cette partition truffée de difficultés, même dans le suraigu. Seul bémol : le texte demeure pratiquement inintelligible pour ceux qui ne connaissent pas les vers de Rimbaud, malgré le français impeccable de l’artiste. L’intensité du chant de Barbara Hannigan a fait écho à l’intensité de sa direction, parant le cycle de couleurs et de sonorités chatoyantes et contrastées. Et regarder Barbara Hannigan se pencher soit vers l’orchestre pour diriger, soit vers le public pour chanter était en soi un régal pour les yeux. Lorsque la cheffe ne dirigeait pas parce qu’elle chantait, les choses ont été prises en main avec brio par le premier violon, François Sochard, et par les chefs d’attaque, sans le moindre décalage ou presque. Il faut dire que l’Orchestre de Chambre de Lausanne était en très grande forme.


Quelques instants plus tôt, avant l’entracte, c’est Stéphane Degout qui a ravi les spectateurs avec les cocasses Histoires naturelles de Ravel, sur des poèmes de Jules Renard, une musique qui imite les cris et les démarches des animaux. Prononciation impeccable, justesse de ton, richesse des couleurs et des nuances, sourire malicieux, le baryton a su créer des atmosphères différentes pour chaque animal, faisant alterner majesté et candeur. On se souviendra longtemps de la fierté ridicule du paon ou de la détresse de la pauvre pintade bossue.


Le bestiaire avait en fait déjà commencé en tout début de soirée, avec Le Festin de l’araignée d’Albert Roussel, une pièce subtile et raffinée sur la vie des insectes, qu’il s’agisse de fourmis, de papillons ou d’éphémères. Pour écrire cette œuvre, le compositeur s’est basé sur les Souvenirs entomologiques de Jean‑Henri Fabre, publiés en dix séries de 1879 à 1907. Le programme de ce concert éclectique et original se divisait en deux parties : un premier volet axé sur les animaux et la nature, puis une seconde partie ayant pour thème la ville, partie au cours de laquelle Les Illuminations ont été suivies par la Cent‑quatrième Symphonie « Londres » de Haydn. Une œuvre, qui, du coup, a semblé bien classique après les pièces sortant de l'ordinaire qui l’ont précédée, mais qui s’est révélée pleine de rythme, d’élan et d’éclat sous la baguette de Barbara Hannigan.



Claudio Poloni

 

 

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