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Une Lucia sépulcrale

Nice
Opéra
02/17/2023 -  et 19*, 21, 23 février 2023
Gaetano Donizetti : Lucia di Lammermoor
Kathryn Lewek (Lucia), Vladimir Stoyanov (Lord Enrico Ashton), Oreste Cosimo (Edgardo), Maurizio Pace (Arturo), Philippe Kahn (Raimondo), Karine Ohanyan (Alisa), Grégoire Mour (Normanno)
Chœur de l’Opéra Nice Côte d’Azur, Alessandro Zuppardo (préparation), Orchestre philharmonique de Nice, Andriy Yurkevych (direction musicale)
Stefano Vizioli (mise en scène), Allen Moyer (décors), Atelier Farani (costumes), Nevio Cavinia (lumières)


(© Dominique Jaussein)


Alors que l’Opéra de Tours vient juste de tenter la version française de l’ouvrage, c’est dans sa version originale (en italien) que Lucia di Lammermoor de Donizetti est actuellement donnée à l’Opéra Nice Côte d’Azur, dans une production initialement programmée en 2020 (par Eric Chevalier) et que le nouveau directeur de l’institution niçoise, Bertrand Rossi, a intégré à sa première saison : une production provenant du Teatro Verdi de Pise, signée par l’homme de théâtre italien Stefano Vizioli, qui s’avère par être ailleurs le directeur du théâtre toscan. De facture très classique, elle se borne à camper une atmosphère sombre et délétère, avec des moyens plutôt spartiates, avec une problématique de l’enfermement omniprésente. Les costumes, issus de l’Atelier Fornari, renvoient à l’époque de la création, à savoir la première moitié du XIXe siècle, tandis que les subtils éclairages de Nevio Cavinia participent de l’atmosphère sépulcrale de la mise en scène, renforcée par les nombreuses pierres tombales qui jonchent la scène pendant toute la durée du spectacle.


La soprano américaine Kathryn Lewek offre à sa Lucia de nombreux atouts : un registre grave ferme et bien assis, un médium étonnant d’ampleur et de présence dramatique, un aigu solide mais pas tendu, sans oublier une forte présence théâtrale. L’autre belle surprise de la distribution est le jeune ténor italien Oreste Cosimo, dont l’émission franche, le timbre gorgé de soleil et le brillant des aigus, alliés à un phrasé remarquablement expressif, paraissent idéaux pour ce rôle à mi‑chemin entre lyrique et dramatique. Son interprétation culmine dans une superbe scène finale. En remplacement de Mario Cassi, initialement prévu, le baryton bulgare Vladimir Stoyanov ne fait qu’une bouchée du personnage de méchant qu’est Enrico, le frère sans foi ni loi de Lucia, auquel il prête sa voix impérieuse aux remarquables possibilités d’étendue et de souffle, et qui fait également preuve d’une écrasante énergie. Malgré le poids des ans (et un vibrato désormais envahissant, surtout en début de représentation) le vétéran français Philippe Kahn (Raimondo) reçoit un accueil particulièrement chaleureux au moment des saluts, volant même la vedette au baryton à l’applaudimètre ! Enfin, le ténor italien Maurizio Pace incarne un Arturo sans problème, Karine Ohanyan campe une touchante Alisa et le jeune Grégoire Mour un Normanno au chant un peu effacé à cause d’une projection vocale encore très limitée.


A la tête d’un excellent Orchestre philharmonique de Nice, le chef ukrainien Andriy Yurkevych offre une direction musicale à la fois idéalement poétique et très engagée dramatiquement, avec des tempi vifs, mais jamais brutaux. Elle est le ciment de la soirée, grâce auquel l’intérêt est sans cesse relancé.



Emmanuel Andrieu

 

 

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