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Zacharias, la classe ! Monaco Monte-Carlo (Auditorium Rainier III) 02/13/2023 - Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Les Saisons, opus 37
Franz Schubert : Sonate pour piano n° 17 en ré majeur, D. 850 Christian Zacharias (piano)
C. Zacharias (© Constanze Zacharias)
Depuis trois ans, le Philharmonique de Monte‑Carlo a parsemé sa saison symphonique de récitals de piano. Aussi incroyable que cela puisse paraître, il n’y avait pas eu de grande séries de récitals de piano, sur l’ensemble de la Côte d’Azur, depuis trois ou quatre décennies. C’est dire si la série des concerts monégasques a été la bienvenue. D’autant qu’elle n’a programmé que des solistes d’élite : Krystian Zimerman, Maria João Pires, Evgeny Kissin, Elisabeth Leonskaïa, Arcadi Volodos...
Dimanche dernier, c’était Christian Zacharias. Ce pianiste est la distinction même. Avec son allure de premier de la classe, il ne se dépense pas en gestes inutiles, en effets de manches, en attitudes spectaculaires. Il est concentré sur son clavier et fait sortir sans fracas la quintessence de la musique. On ne lui en demande pas plus !
Il nous fit entendre Les Saisons de Tchaïkovski, cette œuvre qui égrène les douze mois de l’année, au cœur de laquelle la « Barcarolle » du mois de juin et le « Chant d’automne » du mois d’octobre sont particulièrement connus. On dit communément qu’il n’y a plus de saisons ! Si, il y a celles de Tchaïkovski, que Christian Zacharias joue de manière infiniment sensible, en faisant ressortir maints contrechants, en donnant de la couleur à maintes fioritures.
Mais c’est dans la Sonate D. 850 de Schubert que Zacharias apparut au sommet de son art. Il a depuis toujours une complicité avec ce compositeur. Les enregistrements qu’il en a faits sont des références. Là encore, il alla au cœur de la musique, c’est à dire au cœur de Schubert, donnant vie à ce personnage qui s’élance d’un pas rêveur dans les méandres du romantisme. Pas de tapage, l’émotion prend le pas sur la virtuosité. Le deuxième mouvement est une des pages les plus raffinées qu’ait écrites Schubert. Le final, emperlé de notes chatoyantes, présente l’un des plus beaux thèmes qui soient sortis de sa plume – et pourtant il y en a eu ! Avec une suprême distinction, avec une totale élégance, Christian Zacharias nous charma de ces joyaux. On appelle cela la classe. Oui : Zacharias, la classe !
Le site de Christian Zacharias
André Peyrègne
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