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Bienvenu, monsieur Baleff ! Limoges
Opéra
02/10/2023 -
Pantcho Vladiguerov : Classique et romantique, opus 24
Frédéric Chopin : Concerto pour piano n° 2 en fa mineur, opus 21
Joseph Haydn : Symphonie n° 103 en mi bémol majeur « Roulement de timbales »
Jonathan Fournel (piano)
Orchestre de l’Opéra de Limoges, Pavel Baleff (direction)
P. Baleff (© Patrick Bongartz)
Nouveau chef principal et directeur musical associé de l’Orchestre de l’Opéra de Limoges depuis le début de la saison 2022‑2023, Pavel Baleff (né en 1970) succède ainsi à l’Américain Robert Tuohy, qui aura dirigé la phalange limougeaude pendant neuf années (2013‑2022). Mais le chef bulgare n’est pas un inconnu en terre limousine, et l’on se rappelle de ses ferventes directions in loco de La Ville morte de Korngold (en 2019) et de Rusalka (en 2021). Et c’est également auréolé de ses quinze années passées à la tête de l’Orchestre philharmonique de Baden‑Baden qu’il arrive à Limoges, avec une solide connaissance du répertoire germanique notamment, mais aussi de celui de son pays d’origine – qu’il met à l’honneur, en guise de tour de chauffe pour l’orchestre, avec le cycle Classique et romantique (1931/1940) de son compatriote Pantcho Vladiguerov (1899‑1978). Prolifique musicien, avec ses quelque 20 000 pages de musique répertoriées, il est quasi inconnu sous nos latitudes, mais toujours très présent dans les salles de concert en Bulgarie, où il peut être comparé à Moniuszko en Pologne ou Enesco en Roumanie. La musique de Vladiguerov s’inscrit dans un courant très en vogue dans les pays de l’Est à l’orée du XXe siècle, où beaucoup de compositeurs se servent de la tradition populaire comme un matériau d’inspiration, donnant à leurs nations respectives le moyen de se forger une nouvelle et forte identité culturelle. D’une grande virtuosité, la présente pièce multiplie les réminiscences de thèmes populaires bulgares, à la fois dansantes et savantes.
C’est ensuite Jonathan Fournel (né en 1993), premier prix du prestigieux Concours Reine Elisabeth en 2021, qui rejoint la formation limougeaude pour interpréter le Second Concerto de Chopin. Le pianiste français émerveille d’emblée par le naturel et l’élégance des phrasés, la richesse et la finesse des nuances, la délicatesse et la fraîcheur du toucher, par la subtilité des teintes, mais aussi par la beauté des sonorités autant que par le brio dans les passages rapides, en refusant la facilité d’une virtuosité extérieure. Sous ses doigts, l’expression du finale paraît notamment à la fois très juvénile et spontanée. En ce qui concerne l’accompagnement orchestral, on notera que l’introduction est interprétée de façon vive, le rythme étant ainsi bien marqué, tandis que le flux de la narration coule librement et naturellement. Ne réclamant pas spécialement de bis, avec des applaudissements bien parcimonieux, le public n’en obtiendra pas de la part du soliste...
En seconde partie, place à la Cent‑troisième Symphonie de Haydn, dite « Roulement de timbales », que Pavel Baleff semble se réjouir particulièrement de diriger, en en soulignant l’invention facétieuse. L’énergie qu’il y insuffle se maintiendra dans les quatre mouvements, et à aucun moment on ne ressentira la gravité que pourrait inspirer le thème du Dies iræ, qui sous‑tend le premier mouvement, et l’on savoure ainsi sans restriction le plaisir visible des exécutants, qui font une fête à leur nouveau chef pendant les saluts.
Le site de Pavel Baleff
Emmanuel Andrieu
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