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Un clavecin au fond de la piscine

Lucerne
Neubad
02/07/2023 -  
Jean-Philippe Rameau : Prélude en la mineur – Nouvelles suites de pièces de clavecin : Suite en la
François Couperin : L’Art de toucher le clavecin : Premier Prélude en do majeur – Pièces de clavecin : Troisième Ordre : 1. « La Ténébreuse, Allemande », 4. « La Lugubre, Sarabande » & 12. « La Favorite, Chaconne à deux tems »
Pancrace Royer : Pièces de clavecin (Premier Livre) : 11. « La Sensible, Rondeau » & 12. « La Marche des Scythes »

Jean Rondeau (clavecin)


(© Philipp Schmidli)


Excellente nouvelle pour les mélomanes, surtout par les temps qui courent : un nouveau festival vient de voir le jour à Lucerne. Intitulé « Le Piano symphonique », il permettra au public d’écouter, cinq jours durant, quelques‑uns parmi les plus grands pianistes actuels, qu’il s’agisse de Martha Argerich, d’Evgeny Kissin, de Krystian Zimerman ou encore de Khatia Buniatishvili, pour ne citer que les noms les plus réputés. Les artistes se produiront soit en récital, soit accompagnés par un orchestre symphonique (l’Orchestre de la Suisse romande en l’occurrence). Certains partageront même la scène avec des amis, telle Martha Argerich qui a souhaité inviter le violoncelliste Mischa Maisky et le baryton Thomas Hampson. L’affiche comprend aussi d’autres musiciens un peu moins connus.


Robert Schumann sera le fil conducteur de cette première édition. La plupart des concerts auront lieu au Centre de la culture et des congrès, dans la splendide salle conçue par Jean Nouvel, à l’acoustique réputée. C’est au dynamique intendant de l’Orchestre symphonique de Lucerne, Numa Bischof Ullmann, que l’on doit cette nouvelle manifestation, rendue possible exclusivement par l’apport de fonds privés. Pour la soirée d’ouverture, deux cents jeunes des classes de Lucerne ont été invités, une initiative à saluer. Une superbe soirée d’ouverture, qui a été l’occasion d’entendre le pianiste autrichien Rudolf Buchbinder, dans un programme classique et parfaitement contrôlé, alliant Mozart, Beethoven et Schumann.


Au terme de ce premier concert, le public a été invité à se rendre à quelques centaines de mètres du Centre de la culture et des congrès, au Neubad, une ancienne piscine municipale désaffectée, transformée en bar, cinéma et salle de spectacle. Au fond du bassin, juste au‑dessous du plongeoir, les spectateurs ont eu la surprise de découvrir... un clavecin ! Assis, eux aussi, dans la piscine, ils ont assisté, dans ce lieu des plus insolites, à un récital de Jean Rondeau dans un programme de musique française du XVIIIe siècle. Mais que vient faire le clavecin dans un festival de piano ? Cette question, le musicien se l’est posée aussi, comme de nombreux spectateurs du reste. Si, au XIXe siècle, le piano a permis de faire découvrir l’opéra à un nombre important de personnes – on pense par exemple à Liszt qui a transposé des extraits d’ouvrages de Wagner –, cette fonction a été dévolue au clavecin au siècle précédent, et Jean Rondeau de citer les exemples de Rameau et de Royer, dont les opéras ont été réarrangés pour le clavecin. Et inutile de préciser que le claveciniste français se produisait pour la première fois dans une piscine. Un cadre intimiste, qui, en fin de compte, convenait parfaitement au programme, tout comme l’heure du concert, lequel a débuté à 22 heures. Alors que l’on pouvait craindre un fort écho métallique, l’acoustique s’est révélée plutôt bonne, les parois en carrelage du bassin amplifiant légèrement le son de l’instrument.


Jean Rondeau a très habilement tissé un programme débutant par l’austérité de Rameau puis l’élégance de Couperin pour se terminer par la flamboyance de Royer. Dans cette musique française de la première moitié du XVIIIe siècle particulièrement ornée et riche, le claveciniste s’est révélé brillant et virtuose bien sûr, mais aussi dynamique et contrasté, avec de beaux élans intérieurs et des infléchissements de tempo faisant émerger un motif ou une phrase. La soirée s’est terminée par un déluge d’applaudissements. Il faut espérer que ce type de concerts originaux incitera un nouveau public à venir écouter la musique classique. Longue vie au « Piano symphonique » !


Le site du festival Le Piano symphonique



Claudio Poloni

 

 

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