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Parenthèse mozartienne Monaco Monte-Carlo (Auditorium Rainier III) 01/29/2023 - Wolfgang Amadeus Mozart : Der Schauspieldirektor, K. 486 : Ouverture – Concerto n° 10 pour deux pianos en mi bémol majeur, K. 316a [365] – Concertone pour deux violons en ut majeur, K. 186E [190] – Sérénade n° 8 pour quatre orchestres en ré majeur, « Notturno », K. 269a [286] Lucas et Arthur Jussen (piano), Liza Kerob, Ilyoung Chae (violon)
Orchestre philharmonique de Monte‑Carlo, Kazuki Yamada (direction)
L. et A. Jussen (© Marco Borggreve)
En ce début d’année 2023, le Philharmonique de Monte‑Carlo a organisé au cœur de sa saison un festival de deux semaines consacré à Mozart. Ainsi une brise légère est‑elle passée au milieu des tempêtes habituelles des symphonies romantiques.
Ce festival présente des œuvres de Mozart qu’on a rarement l’occasion d’entendre. Ainsi, ce dimanche, étaient au programme le Dixième Concerto, qui n’est pas pour un mais pour deux pianos, le Concertone pour deux violons, qui n’avait, semble‑t‑il, jamais été joué à Monaco, ou encore cette Huitième Sérénade, intitulée Notturno, qui n’est pas la célèbre Serenata notturna mais une pièce nécessitant quatre petits orchestres jouant simultanément. Le tout fut dirigé par le chef de l’Orchestre de Monte‑Carlo, Kazuki Yamada, qui, d’une main aussi ferme que précise, sut se mettre en quatre pour s’adapter aux exigences mozartiennes.
Dans le Concerto pour deux pianos, on eut droit à l’époustouflante présence du duo qui a été mis en exergue par la Deutsche Grammophon, celui des frères Jussen. Ils ont de l’énergie à revendre. Total brio. Leur complicité est parfaite dans l’attaque des accords, l’enchaînement des gammes, la diversité des nuances. Ils donnèrent à leur Mozart une dimension beethovénienne sans rien sacrifier de l’élégance mozartienne.
Le Concertone pour deux violons est un concerto grosso qui, en plus des deux violons, présente une importante partie soliste du hautbois, ainsi que du violoncelle dans une moindre mesure. Tous les solistes étaient ici issus du Philharmonique de Monte‑Carlo. Le jeu de Liza Kerob et de Ilyoung Chae fut tout en raffinement. Les chants de leurs deux violons s’enlaçaient joliment, comme des rameaux printaniers. Dans Lakmé, on aurait parlé de « Duo des fleurs » ! Et, pour accompagner d’un éclat solaire cette douce floraison, on eut droit au chant lumineux du hautbois de Matthieu Petitjean – auquel se joignit la belle présence du violoncelle de Delphine Perrone.
Le concert se termina donc avec la Huitième Sérénade. Chacun des quatre orchestres était composé d’un ensemble de cordes et de deux cors. Les trois premiers orchestres étaient placés en trois coins de la scène, le quatrième intervenant d’abord en coulisse puis sur scène. Les orchestres jouaient en écho, chacun reprenant les phrases les uns des autres. Mozart ne cessera jamais de nous surprendre !
André Peyrègne
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