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Les Sommets toujours plus haut Gstaad Saanen (Eglise) 01/28/2023 - Franz Schubert : Winterreise, D. 911 Peter Mattei (baryton), David Fray (piano) D. Fray, P. Mattei (© Raphaël Faux)
Les Sommets musicaux de Gstaad 2023 se sont ouverts le 27 janvier par un concert exclusivement consacré à Mozart. Le violoniste Renaud Capuçon, entouré de jeunes musiciens talentueux, a voulu rendre hommage au compositeur de Salzbourg, dont on fêtait ce jour‑là l’anniversaire de la naissance. La soirée a aussi été l’occasion de célébrer le directeur artistique de la manifestation, qui est né également un 27 janvier. Cette vingt‑troisième édition est placée sous le signe du violoncelle. Une semaine durant, le violoncelliste britannique Steven Isserlis prodiguera ses conseils à sept jeunes musiciens qui se produiront l’après‑midi à tour de rôle dans la chapelle de Gstaad. Les artistes pourront composer leur programme à leur guise, mais ils devront obligatoirement inclure Black Fire, une œuvre pour violoncelle et piano de Diana Syrse commandée tout exprès par le festival. La compositrice mexicaine sera, elle aussi, sur place pour coacher les jeunes talents. A la fin de la semaine, un jury sélectionnera la meilleure interprétation et le musicien primé aura le privilège d’enregistrer un disque. En soirée, de grands noms de la musique classique se produiront dans les splendides petites églises de la région, un cadre intimiste qui permet au public d’écouter de très près les artistes. L’édition 2023 des Sommets musicaux de Gstaad accueillera notamment l’altiste Gérard Caussé, la mezzo‑soprano Nora Gubisch ou encore Alain Altinoglu, qui officiera pour l’occasion comme pianiste.
Le lendemain du concert d’ouverture, Peter Mattei interprétait le célèbre Voyage d’hiver de Schubert, accompagné au piano par David Fray. Le récital a été tout simplement exceptionnel. Dès les premières mesures de « Gute Nacht », le baryton suédois a séduit par sa diction irréprochable, sa musicalité hors pair et l’homogénéité de sa voix sur toute la tessiture, une voix saine qui ne connaît pas encore l’usure du temps, malgré la déjà longue carrière du chanteur, qui a notamment interprété Don Giovanni sur les scènes lyriques du monde entier. L’émission est sonore, les graves moelleux et les aigus lumineux. Mais surtout, le chanteur est d’une incroyable force expressive, jouant habilement sur toute les nuances pour offrir un Voyage d’hiver superbement contrasté. Loin des interprétations intériorisées et tourmentées, le Winterreise de Peter Mattei se veut presque théâtral, mais sans aucune grandiloquence et sans jamais rien sacrifier à l’exigence musicale. Une exigence qu’a aussi faite sienne David Fray au piano, partenaire attentif et concentré, aux postures à la Glenn Gould. On aurait aimé que le temps se suspende à la fin du « Leiermann », mais des ovations ont jailli dès la dernière note éteinte. Il est vrai que la prestation des deux musiciens a été tout simplement exceptionnelle, on l’a dit.
Le lendemain, une autre magnifique soirée attendait le public : un récital du pianiste Alexandre Kantorow, dont les variations sur la célèbre « Marche turque » de Mozart, arrangées par Arcadi Volodos, d’une virtuosité folle, ont fait chavirer le public de la petite église de Rougemont. Les Sommets musicaux de Gstaad n’ont jamais aussi bien porté leur nom.
Le site des Sommets musicaux de Gstaad
Claudio Poloni
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