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La part de l’orchestre

Bruxelles
Bozar, Salle Henry Le Bœuf
01/13/2023 -  et 12 janvier 2023 (Amsterdam)
Jimmy López Bellido : Aino
Ernest Bloch : Schelomo
Richard Strauss : Eine Alpensinfonie, opus 64

Sol Gabetta (violoncelle)
Koninklijk Concertgebouworkest, Klaus Mäkelä (direction)


K. Mäkelä (© Milagro Elstak)


L’Orchestre du Concertgebouw continue de se produire chaque saison au Bozar, cette fois sous la direction de Klaus Mäkelä, qui en deviendra le chef d’orchestre principal en 2027. Voilà une personnalité qui fait actuellement beaucoup parler d’elle. Né en 1996, ce chef occupe la fonction de chef principal de l’Orchestre philharmonique d’Oslo et celle de directeur musical de l’Orchestre de Paris, tout cela à moins de 30 ans. Un grand de demain ou déjà un grand ? Avec cet orchestre d’élite des Pays‑Bas, il est difficile de se prononcer, tant la part prise par tous ces fabuleux musiciens à la réussite d’un concert est considérable, ce que la remarquable performance de ce vendredi vient une fois de plus confirmer. Mais voilà assurément un chef à suivre de près.


Impliqué de longue date dans la défense de la musique contemporaine, l’orchestre débute avec une commande, Aino. Aino est la sœur de Joukahainen que ce dernier, pour rester en vie, promet à son adversaire qui l’a battu lors d’une joute oratoire, le vieux barde Väinämöinen. La jeune femme refuse et périra dans les flots lors de sa fuite. Cette légende du Kalevala a inspiré une solide composition à un compositeur... péruvien, Jimmy López Bellido (né en 1978) qui a – et ceci explique cela – effectué une partie de ses études à l’Académie Sibelius d’Helsinki. Ce poème symphonique pour grand orchestre est animé par un souffle et une puissance narrative rappelant ceux des grandes compositions de l’auteur de Tapiola, toutes proportions gardées. A l’occasion de cette intéressante découverte, et une seule écoute ne suffit évidemment pas, ce sont surtout les sonorités, plus précisément les jeux de timbres et de textures, fruits d’une réelle maîtrise de l’orchestre, qui retiennent avant tout l’attention.


Sol Gabetta entre ensuite en scène pour Schelomo (1916) de Bloch, un compositeur rare aujourd’hui dans les programmes de concert. La violoncelliste argentine, au jeu fin et précis, habite profondément cette musique dont elle exprime le propos avec sobriété et justesse. Elle développe une sonorité évocatrice, enveloppée dans celle, tout aussi suggestive, de l’orchestre qui, sous la conduite vigilante de Klaus Mäkelä, rend avec soin et nuance tout à la fois la structure, les contrastes, les épisodes incantatoires, ainsi que les détentes et les montées en puissance, de cette poignante partition. La soliste revient pour un bis, une fois n’est pas coutume accompagné par l’orchestre, « Prière », première des trois pièces du cycle De la vie juive du même compositeur.


La Symphonie alpestre (1915) de Strauss occupe toute la seconde partie, et c’est évidemment dans cette œuvre spectaculaire, et qui sollicite l’orchestre dans son entièreté, où le jeune chef finlandais est attendu. Et il ne déçoit pas, malgré, à l’un ou l’autre moment, une mise en place perfectible, mais sans doute sa tâche est‑elle facilitée, ou, du moins, rendue moins complexe, par un orchestre qui réagit au quart de tour et dans lequel officient des musiciens de haut vol, tous les pupitres méritant d’être chaleureusement applaudis, en particulier les bois, au sein desquels joue le merveilleux hautboïste Alexeï Ogrintchouk, et les cuivres qui impressionnent plus d’une fois. Klaus Mäkelä livre de cette partition gigantesque et fascinante une exécution solidement construite, juste dans ses proportions et ses tempi, toujours bien détaillée, avec d’assez impressionnants crescendi, mais aussi de salvateurs moments de respiration. Il restitue remarquablement le pouvoir expressif et évocateur de cette musique, et cette exécution convaincante, à juste titre chaleureusement applaudie, invite également à en percevoir la dimension humaniste. A la tête d’une phalange plus modeste, que serait capable de réaliser ce chef ?


Le site de Sol Gabetta
Le site de l’Orchestre royal du Concertgebouw



Sébastien Foucart

 

 

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