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Bruckner « schubertien » München Herkulessaal 01/13/2023 - et 14 janvier 2023 Felix Mendelssohn : Concerto pour violon n° 2, opus 64
Anton Bruckner : Symphonie n° 4 « Romantique » (version 1878) Leonidas Kavakos (violon)
Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, Herbert Blomstedt (direction) H. Blomstedt (© Astrid Ackermann)
Comme ce fut le cas à Berlin il y a quelques mois, c’est au bras d’un musicien de l’orchestre (ici l’excellent Hermann Menninghaus, premier altiste) que Herbert Blomstedt arrive lentement sur le podium pour diriger assis ce concert. Par rapport à sa dernière apparition à Munich il y a un peu moins d’un an, la silhouette est plus fragile. On sent immédiatement le respect des musiciens et une attention toute particulière du public. Mais toute l’appréhension que l’on pourrait avoir devant ce musicien de 95 ans disparaît une fois que la musique démarre.
Même si Leonidas Kavakos et Herbert Blomstedt se connaissent bien, il y a quelques options un peu inhabituelles dans l’exécution du Concerto pour violon de Mendelssohn. Dans l’Allegro molto appassionato, le violoniste grec surprend par des phrasés un peu maniérés qui cassent quelque peu la ligne. L’Andante plus direct est plus réussi mais l’Allegro molto vivace final manque un peu de brillant. On reste un peu en deçà de ce que l’on pouvait attendre de tels artistes.
En seconde partie, Herbert Blomstedt retrouve Bruckner, compositeur dans lequel on l’a souvent entendu. Une fois installé, il ferme avec une certaine malice la partition devant lui et se lance dans cette symphonie. Sa gestique plus épurée convient finalement très bien à cette musique. Il fait ressortir les grandes lignes de cette œuvre si fantastiquement construite. Les musiciens respirent et trouvent de superbes couleurs. Les cordes ont une certaine densité que demande la musique germanique. Le pupitre de cors, emmené par Carsten Duffin, est impressionnant d’autorité, les bois, et en particulier Henrik Wiese à la flûte, phrasent avec beaucoup de musicalité.
Le chef impose ses options de lecture avec, par opposition à une certaine tradition « wagnérienne », la recherche d’un certain charme. Si les deux premiers mouvements ont une réelle grandeur, le Scherzo et surtout le Finale sont plus sereins que par habitude. Bruckner se révèle ainsi un cousin un peu lointain d’un Schubert dans cette lecture personnelle si « autrichienne ».
La salle était pleine et particulièrement attentive. Il y avait à l’extérieur de nombreux mélomanes qui cherchaient des places. S’ils n’ont pas pu entrer, ils pourront se consoler avec ce tout simplement extraordinaire de répétitions de cette Quatrième Symphonie. Je ne saurais trop vous recommander ce document indispensable et fascinant de deux heures et demie de musique d’un orchestre si remarquable guidé par la main sûre et bienveillante d’un tel chef.
Antoine Lévy-Leboyer
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