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L’art de la mélodie porté à sa plus haute expression

Gstaad
Eglise de Rougemont
01/06/2023 -  
Manuel de Falla : Siete canciones populares españolas
Federico García Lorca : Canciones espanolas antiguas : 1. « Anda, jaleo », 8. « Nana de Sevilla » & 6. « Sevillanas del siglo XVIII »
José Serrano Simeón : La canción del olvido : « Canción de Marinela »
Gerónimo Giménez : La Tempranica : « La tarántula é un bicho mú malo »
George Bizet : Adieux de l’hôtesse arabe
Francis Poulenc : Deux poèmes de Louis Aragon – Les Chemins de l’amour
Hector Berlioz : Zaïde, opus 19 n° 1
Léo Delibes : Les Filles de Cadix

Fatma Saïd (soprano), Natalia Morozova (piano)


N. Morozova, F. Saïd (© Patricia Dietzi)


Tout simplement exceptionnel. L’adjectif n’est pas galvaudé pour décrire le récital de mélodies qu’a donné Fatma Said en l’église de Rougemont, dans le cadre du Festival de Nouvel An de Gstaad. La jeune soprano égyptienne n’est pas totalement inconnue en France puisqu’elle a brillé au Concert de Paris de 2020, retransmis en direct à la radio et à la télévision. Gageons que son nom va très rapidement devenir familier pour tous les mélomanes. La chanteuse a accompli sa formation musicale à Berlin puis à l’Académie de la Scala, avant d’entamer une carrière qui la mène aujourd’hui sur les plus grandes scènes lyriques, notamment dans les rôles mozartiens. Arrivée au pied levé la veille de Londres pour remplacer une collègue malade, elle a enchanté le public par sa performance hors du commun, qui restera longtemps gravée dans les mémoires.


Fatma Saïd a concocté un subtil florilège de mélodies françaises et espagnoles ayant pour point commun l’Espagne et l’Orient, symbolisant à merveille le multiculturalisme de l’artiste. Chaque mélodie a transporté le public dans une ambiance différente, grâce à un programme haut en couleur et particulièrement contrasté. Mais grâce surtout au talent de la chanteuse, qui est immense. Fatma Saïd possède tout d’abord une diction irréprochable, aussi bien en français qu’en espagnol, une condition indispensable pour permettre au public d’apprécier des textes magnifiques, signés souvent de grands auteurs (en l’occurrence Victor Hugo, Louis Aragon ou encore Jean Anouilh). Elle est aussi extrêmement expressive, incarnant chaque texte avec une conviction et un naturel désarmants, vivant littéralement chacune des mélodies qu’elle a interprétée, donnant un sens à chaque mot et à chaque phrase, ciselant en orfèvre ses interventions. Dans des chansons de Federico García Lorca – qui était aussi compositeur – ses « Viva Sevilla » lancés avec flamme et emphase ont instantanément plongé les spectateurs sur la grand‑place de la célèbre ville d’Andalousie. Pour Les Filles de Cadix, Fatma Saïd a même très habilement joué des castagnettes. Sa voix veloutée et sensuelle a fait merveille dans ce répertoire, sans oublier son timbre rond et plein, ses aigus lumineux, son sens des nuances et ses pianissimi ensorcelants. Du grand art.


La réussite de la soirée doit beaucoup aussi au talent de la pianiste Natalia Morozova, qui a reçu les partitions à 20 heures la veille et qui n’en connaissait aucune. Elle a passé une bonne partie de la nuit à les étudier, avant de retrouver Fatma Saïd pour une première répétition. Les deux artistes se sont très rapidement entendues sur le programme et ont immédiatement su trouver une connivence et une complicité qui ont émaillé chacune des mélodies. Un grand moment de musique, une soirée exceptionnelle.



Claudio Poloni

 

 

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