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La Vie parisienne XXL

Liège
Opéra royal de Wallonie
12/22/2022 -  et 23, 27, 29, 30*, 31 décembre 2022
Jacques Offenbach : La Vie parisienne
Anne-Catherine Gillet (Gabrielle), Flannan Obé (Gardefeu), Laurent Deleuil (Bobinet), Jérôme Boutillier (Le Baron), Sandrine Buendia (La Baronne), Eléonore Pancrazi (Métella), Pierre Derhet/Fabien Hyon & Romain Gilbert* (Le Brésilien, Gontran, Frick), Philippe Estèphe (Urbain, Alfred), Elena Galitskaya (Pauline), Raphaël Brémard (Joseph, Alphonse, Prosper), Ingrid Perruche (Madame de Quimper-Karadec), Louise Pingeot (Clara), Marie Kalinine (Bertha), Caroline Meng (Madame de Folle-Verdure)
Chœur de l’Opéra royal de Wallonie, Denis Segond (chef de chœur), Orchestre de l’Opéra royal de Wallonie, Romain Dumas (direction musicale)
Christian Lacroix (mise en scène, décors, costumes), Bertrand Couderc (lumières)


(© Opéra royal de Wallonie Liège/Jonathan Berger)


Offenbach, Meilhac, Halévy : il suffit d’évoquer ces trois noms pour que viennent à l’esprit ces spectacles festifs que beaucoup de maisons d’opéra programment en fin d’année. Voilà exactement ce que propose l’Opéra royal de Wallonie, avec cette production de La Vie parisienne (1866) créée au Théâtre des Champs‑Elysées il y a un an. Il s’agit d’une version inhabituellement longue de cet ouvrage, que les producteurs annoncent comme originelle et intégrale, d’après les recherches du Palazzetto Bru Zane qui ont suscité, par ailleurs, une inoffensive querelle d’experts, rendue publique dans la presse spécialisée : l’Offenbach Keck Edition, placée sous la direction de Jean‑Christophe Keck, grand spécialiste du compositeur, s’est en effet élevée contre cette édition pour des motifs obscurs ou futiles pour le commun des mortels ; probablement faut‑il y voir aussi une raison de nature purement concurrentielle. En revanche, le programme aurait dû comporter davantage de précisions sur la démarche du Centre de musique romantique française et sur cette version en cinq actes d’un peu plus de trois heures de musique et de dialogues – le compte rendu de la création de cette production par notre correspondant parisien fournit un peu plus d’éclaircissements à ce sujet.


La mise en scène assez spectaculaire de Christian Lacroix offre beaucoup à admirer. Le décor repose sur un dispositif unique, une structure métallique qui rappelle l’architecture parisienne de type industriel de la seconde moitié du dix‑neuvième siècle, à l’époque de l’Exposition universelle de 1867, mais des éléments changent régulièrement pour situer l’action dans les différents lieux du livret – la gare, les salons – le tout dans un univers, sinon circassien, du moins évocateur de ce lieu de spectacle. Et qui dit Christian Lacroix dit costumes, et ceux de cette production constituent une fête pour les yeux. Complétée par la chorégraphie de Glyslein Lefever, la direction d’acteur se révèle pleinement satisfaisante, apportant avec précision du rythme et de la légèreté à ce spectacle. Le couturier ne renouvelle toutefois pas radicalement la manière de représenter aujourd’hui ce genre d’ouvrage, et il ne jette pas non plus un regard satirique sur la société actuelle. Sans paraître passéiste, cette mise en scène visuellement épatante reste en fin de compte plutôt traditionnelle, et elle ne parvient pas non plus malgré ses mérites à dissiper une impression de longueur, voire de lassitude, surtout dans la seconde partie.


Une distribution solide et convaincante anime cette Vie parisienne, pratiquement tous les interprètes excellant dans le chant et la comédie, tandis que la prononciation, assez soignée, rend les surtitres quasiment superflus pour les francophones. La plupart, sinon tous, maitrisent les codes de l’opéra‑bouffe à la française, en particuliers Flannan Obé et Laurent Deleuil, excellents en Gardefeu et Bobinet, mais aussi Jérôme Boutillier, qui campe un savoureux baron, bien secondé par la baronne de Sandrine Buendia. Certains interprètent se distinguent tout particulièrement par leur voix, comme Anne‑Catherine Gillet, irrésistible de charme naturel en Gabrielle, mais aussi Eléonore Pancrazi en Métella. Un duo remplace efficacement Pierre Derhet, déclaré souffrant : tandis que Fabien Hyon chante sur les côtés au pupitre, un des collaborateurs du metteur en scène, Romain Gilbert, joue avec habilité les rôles du Brésilien, de Gontran et de Frick. Préparés par Denis Segond, les choristes affichent autant de qualités que les solistes. Quant à Romain Dumas, il dirige pour la première fois à l’Opéra royal de Wallonie un orchestre vif, précis et léger, non sans une certaine sécheresse, toutefois non préjudiciable, car c’est bien ainsi que cet Offenbach doit sonner.


Pour terminer l’année sans se prendre la tête avec un spectacle divertissant, il fallait donc se rendre à Liège plutôt qu’à Anvers où l’Opéra des Flandres a choisi de conceptualiser l’Ernani de Verdi en modifiant le livret sans le moindre complexe.



Sébastien Foucart

 

 

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