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Une soirée mémorable

Zurich
Opernhaus
12/15/2022 -  et 17, 20*, 29 décembre 2022, 1er, 4 janvier 2023
Giacomo Puccini : Tosca
Sondra Radvanovsky (Floria Tosca), Jonas Kaufmann/Vittorio Grigolo*/Yusif Eyvazov (Mario Cavaradossi), Bryn Terfel (Scarpia), Brent Michael Smith (Cesare Angelotti), Valeriy Murga (Mesner), Martin Zysset (Spoletta), Aksel Daveyan (Sciarrone), Claire Schurter/Leandra Nitzsche (Un pastorello), Benjamin Molonfalean (Un carceriere)
Chor der Oper Zürich, Kinderchor der Oper Zürich, Ernst Raffelsberger (préparation), Philharmonia Zürich, Gianandrea Noseda (direction musicale)
Robert Carsen (mise en scène), Sylvie Döring (reprise de la mise en scène), Anthony Ward (décors), Alexander Lowde (collaboration aux décors), Davy Cunningham (lumières)


S. Radvanovsky, B. Terfel (© Toni Suter)


Cette reprise de Tosca à Zurich a fait figure d’événement car elle marquait le retour sur les bords de la Limmat, après quatorze ans d’absence, de Jonas Kaufmann, qui a longtemps fait partie de la troupe de l’Opernhaus avant de s’envoler pour la carrière que l’on sait. Le ténor allemand n’aura finalement chanté que deux soirs sur les trois prévus, une indisposition le contraignant à annuler sa dernière représentation. C’est Vittorio Grigolo qui l’a remplacé au pied levé, arrivé de Milan à peine une heure avant le début du spectacle. Force est de constater que le public a gagné au change, tant la voix du ténor italien est nettement plus en adéquation avec le rôle. Timbre solaire et généreux, accents exaltés (un « Vittoria ! Vittoria ! » éblouissant longuement tenu), legato exemplaire, musicalité jamais prise en défaut, Vittorio Grigolo a campé un Cavaradossi ardent et passionné, chantant certes souvent fort, mais capable néanmoins de belles nuances et de pianissimi envoûtants. Le célèbre « E lucevan le stelle » a même été bissé par le chanteur, face à l’insistance d’un public enthousiaste ne ménageant pas ses applaudissements.


Le reste de la distribution était à l’avenant, rendant la soirée mémorable. Sondra Radvanosky a fait très forte impression dans le rôle‑titre par son engagement total dans le personnage. Plus qu’avoir incarné Tosca, elle a été Tosca. La voix est certes stridente dans les aigus et rocailleuse sur le reste de la tessiture, mais la chanteuse est confondante d’expressivité, interprétant une diva jusqu’au bout des ongles, coquette et maniérée, aimante et amoureuse, hystérique et colérique, mais aussi tellement émouvante dans ses suppliques à Scarpia. Un Scarpia animal et libidineux à souhait, campé par Bryn Terfel. Certes, la voix du baryton gallois a perdu de son lustre et de son velours avec le temps, mais l’interprète livre une formidable leçon de théâtre, jouant sur chaque mot et sur chaque phrase pour traduire la noirceur et la cruauté du personnage. Glaçant. La confrontation entre Tosca et Scarpia à l’acte II s’est apparentée à un duel de fauves, les deux interprètes privilégiant l’expression et la théâtralité plutôt que la simple beauté du chant, et avec quel panache ! Dans la fosse, Gianandrea Noseda a exalté la tension dramatique, en vrai chef de théâtre qu’il est. La mise en scène de Robert Carsen, qui joue sur le concept du théâtre dans le théâtre, a été étrennée à Zurich en 2009, avec déjà Jonas Kaufmann dans le rôle de Mario.



Claudio Poloni

 

 

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