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Mahler à la lettre

Baden-Baden
Festspielhaus
12/13/2022 -  et 10, 11 décembre 2022 (München)
Gustav Mahler : Symphonie n° 3 en ré mineur
Elīna Garanca (mezzo‑soprano)
Damen des Philharmonischen Chores München, Andreas Herrmann (chef de chœur), Tölzer Knabenchor, Christian Fliegner (chef de chœur), Münchner Philharmoniker, Robin Ticciati (direction)


(© Andrea Kremper)


Look juvénile persistant, corps dégingandé et tignasse ébouriffée, le chef britannique Robin Ticciati n’en sort cependant pas moins progressivement de l’âge ingrat des jeunes prodiges de la direction d’orchestre lancés trop tôt dans le circuit international. A 39 ans, on a en principe déjà du sérieux et du bagage à proposer, et dans cette difficile Troisième Symphonie de Mahler, Ticciati maîtrise effectivement très bien le sujet. C’est du reste une symphonie qu’il apprécie particulièrement, et propose même souvent lors d’un premier contact avec un orchestre qu’il ne connaît pas encore bien (c’est le cas ici, avec les Münchner Philharmoniker, qu’il dirige pour la première fois). Aucune incertitude dans la battue, des intentions clairement exprimées, manifestement un vrai projet d’interprétation, qui va directement à l’essentiel. Certes pas non plus une vision très incarnée, l’ensemble séduisant davantage par sa transparence et ses équilibres que par un véritable investissement expressif, mais assurément une belle lecture, pour cette œuvre très longue dont les clés ne se livrent pas facilement. De surcroît tous les pièges, et ils sont nombreux, constamment perceptibles en cours de route, enchaînements délicats, dosages difficiles, attaques très dispersées dans un effectif énorme, sont soigneusement évités. Impression donc favorable, même s’il ne s’agit pas non plus d’une interprétation dont on sort transporté ou passionné.


Bon orchestre de tradition allemande, qui garde encore quelque chose des particularités de l’ère Celibidache, même si la philosophie particulière de cette époque tend désormais à s’estomper, les Münchner Philharmoniker ne paraissent pas dans un très bon soir, en particulier les cors, relativement incertains, encore que jamais débraillés. Mais l’ensemble reste de bonne tenue, avec en vedette le trombone de Jonathon Ramsay, vraiment imposant. Joli solo de cor de postillon aussi, à l’exception d’un accident subit, sur un instrument notoirement difficile à apprivoiser. Et comme à l’accoutumée dans cette symphonie, des signes de fatigue se font sentir dans le long dernier mouvement, seules les cordes parvenant à maintenir jusqu’au bout leur cohésion initiale, avec des magnifiques plans sonores, très bien étagés par le chef.


Du côté des voix, le luxe du Tölzer Knabenchor, aux voix d’enfants faussement sages, voire un peu canailles (et dûment surveillés pendant toute la soirée par leur chef de chœur, assis face à eux, le dos tourné à l’orchestre), et aussi, autre luxe, Elīna Garanca, au demeurant pas très concernée expressivement, qui se contente d’un engagement minimal, au cours d’une intervention essentiellement neutre, surtout valorisée par de beaux climats orchestraux. Là encore, rien qui nous fasse vaciller face à l’abîme, mais dans l’ensemble, quand même, une soirée remarquablement probe, d’un professionnalisme constant.



Laurent Barthel

 

 

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