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Tugan Sokhiev de retour à Toulouse !

Toulouse
Halle aux grains
11/17/2022 -  
Anton Bruckner : Symphonie n° 8
Orchestre national du Capitole de Toulouse, Tugan Sokhiev (direction)


T. Sokhiev (© Romain Alcaraz)


Huit mois après sa fracassante démission à la suite du conflit russo-ukrainien (après que le maire de la Ville rose l’eut exhorté à clarifier sa position...), Tugan Sokhiev est de retour à Toulouse pour diriger son ancienne phalange, dont il a été le directeur musical dix‑sept années durant. Et c’est une incroyable ovation que lui fait le public toulousain à son apparition depuis les coulisses de la Halle aux grains, certains spectateurs se mettant même debout en lançant des « Merci ! ». C’est dire que l’émotion était déjà à son comble avant même qu’il ne lève sa baguette pour diriger l’une des plus grandioses et exaltantes symphonies du répertoire : la monumentale Huitième de Bruckner.


Galvanisé comme jamais, tellement heureux de faire de la musique avec ce chef qu’il aime tant et qu’il est visiblement tellement ému et heureux de retrouver, l’ONCT sonne ce soir comme jamais, du haut de sa centaine de musiciens réunis ici pour affronter cet Everest symphonique. Et Bruckner est une excellente occasion pour l’orchestre de faire montre de son opulence sonore : cordes sensuelles et chaleureuses, cuivres rugissants et bois soyeux. Les tempi choisis par Sokhiev, avec environ quatre‑vingts minutes de musique, sont tout sauf extrêmes, plus resserrés peut‑être dans l’ultime mouvement, qui prend ainsi, par antithèse, une tournure plus dramatique. Le début de ce dernier mouvement fait preuve d’une certaine rudesse, mais sa coda est plus réconciliatrice que d’autres interprétations qui semblent s’achever au bord du gouffre. Rien que le jeu sur les textures et les couleurs variées des cordes au début du Scherzo suffirait au bonheur du mélomane. Autre ravissement, celui qui fait courir une sensation derrière l’échine, quand le flux s’arrête et que le musicien autrichien fait silence, avec cette soudaineté et en même temps cette nécessité totale qui font le prix de sa musique, ce silence‑là jailli de la baguette de Sokhiev est vecteur d’une telle émotion qu’il est plus que jamais facteur de continuité autant que de rupture du discours musical. On admire, enfin, cette science des crescendi, qui partent de très loin pour s’épanouir ou s’anéantir comme des élans inachevés. Tout l’inverse des interminables vivats que le public toulousain, comme d’un seul homme, adressera à Tugan Sokhiev pour la jouissance qu’il lui a prodiguée.


Par bonheur, ce retour à Toulouse ne sera pas sans lendemain puisque nous retrouverons le chef ossète à la tête la phalange toulousaine lors de deux autres concerts, les 23 mars et 10 juin prochains, cette seconde date marquant la clôture de la saison symphonique. En outre, il dirigera rien moins que le Philharmonique de Vienne, le 18 mars, dans le cadre de la saison « Grands Interprètes ». « Il existe un triangle indestructible : l’orchestre, le public et moi », avait‑il confié à La Dépêche du Midi quelques jours plus tôt : on a pu le vérifier en chair et en os lors de ce fabuleux concert que l’on n’ est pas près d’oublier.



Emmanuel Andrieu

 

 

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