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Déjanire ressuscitée

Monaco
Monte‑Carlo (Auditorium Rainier III)
10/16/2022 -  
Camille Saint‑Saëns : Déjanire
Kate Aldrich (Déjanire), Julien Dran (Hercule), Anaïs Constans (Iole), Jérôme Boutillier (Philoctète), Anna Dowsley (Phénice)
Chœur de l’Opéra de Monte‑Carlo, Stefano Visconti (chef de chœur), Orchestre philharmonique de Monte‑Carlo, Kazuki Yamada (direction)


(© Frédéric Nébinger)


Connaissez-vous Déjanire ? Cet opéra de Saint‑Saëns, créé le 13 mars 1911 à Monaco, était oublié depuis plus d’un siècle. Et voilà que grâce, entre autres, à l’admirable travail musicologique réalisé par la Fondation Palazzetto Bru Zane à Venise, il a été ressuscité sous forme de concert en cette même Principauté de Monaco. Le concert a donné lieu au premier enregistrement mondial de l’œuvre.


En 1911, l’opéra avait été commandé à Saint‑Saëns par le Prince Albert Ier. Les deux hommes se rencontraient à l’Institut de France à Paris, le compositeur étant membre de l’Académie des Beaux‑Arts et le prince membre de l’Académie des Sciences pour ses recherches océanographiques. Ils s’appelaient « Mon cher confrère ».


Déjanire était à l’origine une pièce de théâtre de l’écrivain Louis Gallet présentée de manière monumentale en 1898 aux arènes de Béziers, pour laquelle Saint‑Saëns avait écrit la musique. Il reprit sa partition pour créer son opéra. On entend dans cette musique un Saint‑Saëns triomphal, voluptueux à souhait, qui écrit dans un style romantique, avec des fanfares somptueuses mais avec, aussi, des tournures fort classiques. L’œuvre a été mise de côté car elle n’avait pas la modernité d’ouvrages de la même époque comme Pelléas et Mélisande, Salomé, Elektra ou Wozzeck. A toutes les époques, la recherche de la modernité condamne à l’oubli des œuvres qui ne le méritent pas !


L’histoire est celle de la mort d’Hercule provoquée par sa femme Déjanire, jalouse de le voir courtiser la fille du roi qu’il a assassiné. Elle lui fait revêtir la fameuse tunique de Nessus qui entraîne sa mort.


Le travail qui a été réalisé par Kazuki Yamada et son Philharmonique de Monte‑Carlo pour monter cet opéra en moins d’une semaine avec cette qualité et ce brio est époustouflant. Un vrai travail d’Hercule !


Une équipe de chanteurs de premier ordre avait été réunie – même si leur prononciation était peu compréhensible, rendant difficile le suivi de l’action pour ceux qui n’avaient pas pris connaissance du livret auparavant. La soprano Anaïs Constans (rôle d’Iole) nous éblouit par son aisance, la luminosité de sa voix, sa facilité à monter dans l’aigu. Dans le rôle d’Hercule, Julien Dran se tira au mieux d’un rôle de « fort ténor » souvent sollicité dans l’aigu, qu’une dizaine de confrères contactés avant lui avaient renoncé à chanter après avoir vu la partition. Il n’y a qu’éloges à faire du baryton Jérôme Boutillier (le seul à avoir une prononciation intelligible) et de la mezzo Anna Dowsley. Quant au rôle de Déjanire, il revenait à Kate Aldrich : impressionnante dans l’incarnation de son personnage et dans l’expression de sa colère, sa voix, tout en étant musicale, parut inégale dans sa tessiture. Le Chœur de l’Opéra de Monte‑Carlo fut magnifique.


Grand succès. La salle fut debout à la fin. Ressusciter un tel Saint‑Saëns tenait du bon sens !



André Peyrègne

 

 

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