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Une transposition un peu sage Verona Arena 06/25/2022 - et 1er, 7, 10, 23, 29 juillet, 18 août, 3* septembre 2022 Giuseppe Verdi : Nabucco Roman Burdenko/Sebastian Catana/Amartuvshin Enkhbat/Luca Salsi* (Nabucco), Riccardo Rados*/Samuele Simoncini (Ismaele), Michele Pertusi/Abramo Rosalen/Rafal Siwek* (Zaccaria), Ewa Plonka/Daniela Schillaci*/María José Siri (Abigaille), Vasilisa Berzhanskaya*/Francesca Di Sauro (Fenena), Nicolò Ceriani/Adolfo Corrado* (Gran Sacerdote di Belo), Carlo Bosi/Giacomo Leone* (Abdallo), Elena Borin*/Elisabetta Zizzo (Anna)
Coro dell’Arena di Verona, Ulisse Trabacchin (chef de chœur), Orchestra dell’Arena di Verona, Daniel Oren*/Alvise Casellati (direction musicale)
Arnaud Bernard (mise en scène, costumes), Alessandro Camera (décors), Paolo Mazzon (lumières)
L. Salsi, D. Schillaci (© Ennevi Foto)
Pénétrer dans les arènes de Vérone peut donner le vertige, tant la majesté des lieux impressionne avec son immense scène qui occupe un bon quart de l’espace total. Curieusement, malgré les 22 000 personnes présentes, la sensation d’intimité est palpable, même si l’acoustique n’est pas aussi bonne qu’à Orange – faute d’un mur en arrière‑scène. On retrouve un habitué des lieux (voir notamment La Bohème en 2005) en la personne du metteur en scène français Arnaud Bernard (né en 1966) et son Nabucco créé ici même en 2017 (voir la reprise donnée l’année suivante).
On est saisi d’emblée par la vaste et impressionnante maison à colonnade au milieu de la scène, comme unique élément de décor. Est‑ce un théâtre d’opéra, une vaste maison bourgeoise ou encore un bâtiment administratif ? Un peut tout cela à la fois, grâce à un plateau tournant qui provoque les applaudissements de l’assistance, manifestement peu au fait de ce dispositif technique. Rapidement, le contexte guerrier du début de l’ouvrage embrase les lieux de son effervescence, Arnaud Bernard n’hésitant pas à convoquer chevaux et calèches autour des nombreuses barricades, révolutionnaires et soldats. Il est vrai que la transposition du récit pour évoquer les révoltes contre l’occupant autrichien a de quoi séduire, tant les allusions de Verdi (et son acronyme V.E.R.D.I., Vittorio Emanuele Re D’Italia) étaient claires pour un auditeur de l’époque. Arnaud Bernard utilise astucieusement les gradins derrière lui pour donner du volume à l’action, mais peine ensuite à convaincre dans les scènes de théâtre dans le théâtre : déguisés en Babyloniens, les interprètes reprennent leurs rôles respectifs, mais on peine à distinguer qui est qui, sauf à bien connaître le livret original au préalable. Il est donc indispensable de bien réviser son Nabucco avant de voir cette transposition haute en couleur, mais pas aussi lisible qu’attendu.
Grande réussite de la soirée, à juste titre applaudie par un orchestre ravi, la direction de Daniel Oren (né en 1955) allège les textures en portant un soin minutieux aux nuances. A l’inverse, le chef israélien n’hésite pas à faire sonner les fanfares avec un aplomb aussi péremptoire que jubilatoire, tout en prenant garde à ne jamais couvrir solistes comme choristes. Ces derniers impressionnent tout du long par leur engagement, ingrédient décisif pour porter l’enthousiasme général. Remplaçante de dernière minute pour pallier la défection de María José Siri, Daniela Schillaci (Abigaille) donne beaucoup de plaisir par l’autorité de ses graves cuivrés et colorés, malgré un suraigu parfois instable et peu puissant. On aime plus encore la vaillance et les envolées tragiques de Luca Salsi (Nabucco), tandis que Vasilisa Berzhanskaya (Fenena) convainc davantage dans la souplesse et la rondeur d’émission, que l’intention, assez discrète. Mais c’est peut‑être la prestation de Rafal Siwek (Zaccaria) qui emporte tous les suffrages à force de noblesse d’âme pour sculpter chaque mot au service du sens.
Florent Coudeyrat
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