|
Back
Variations en mode majeur Geneva
Tannay (Parc du Château)
08/28/2022 - et 26 (Merano), 31 (Hamburg) août, 2 (Locarno), 3 (Basel) septembre 2022
Maurice Ravel : Le Tombeau de Couperin
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour piano n° 23 en la majeur, K. 488
Charles Gounod : Symphonie n° 2 en mi bémol majeur
Maria João Pires (piano)
Kammerorchester Basel, Trevor Pinnock (direction)
M. J. Pires, T. Pinnock (© Fabrice Nassisi)
L’édition 2022 des Variations musicales de Tannay s’est terminée en beauté le 28 août par un concert de Maria João Pires, accompagnée par l’Orchestre de chambre de Bâle placé sous la direction de Trevor Pinnock. Dix jours durant, grands noms de la musique classique et jeunes artistes prometteurs se sont partagé l’affiche de ce petit festival qui monte, à quelques kilomètres de Genève ; une soirée a aussi été organisée pour soutenir des musiciens ukrainiens. Sous une tente de plus de 500 places dressée dans un immense parc parsemé d’arbres centenaires et offrant une vue plongeante sur le Léman et le Mont Blanc, les concerts ont attiré un public nombreux et varié, dont une ribambelle d’enfants pour le traditionnel rendez‑vous gratuit du samedi. Si le piano a toujours été le fil rouge de la programmation des Variations musicales (le fondateur du festival, Serge Schmidt, s’est inspiré de La Roque‑d’Anthéron), les autres instruments ne sont pas en reste. Au fil des années, des musiciens comme les frères Renaud et Gautier Capuçon sont devenus des fidèles, au point de proposer parfois eux‑mêmes d’autres artistes. Cette année, Tannay a vu défiler le flûtiste Emmanuel Pahud, le clarinettiste Paul Meyer, le violoniste Tedi Papavrami, les pianistes Nelson Goerner, Kim Bernard, Eric Le Sage et Till Fellner, la violoncelliste Nadège Rochat, les frères Edgar et Jérémie Moreau ou encore le claveciniste Leonardo García Alarcón, pour ne citer que les noms les plus connus.
C’est donc l’Orchestre de chambre de Bâle, le chef Trevor Pinnock et la pianiste Maria João Pires qui ont donné le dernier concert de l’édition 2022 des Variations musicales de Tannay. Le programme a débuté avec Le Tombeau de Couperin de Ravel. Le chef a restitué fidèlement l’esprit de la partition, dans une exécution toute en finesse et en limpidité, avec des couleurs orchestrales chatoyantes. On attendait avec impatience Maria João Pires dans le Vingt‑troisième Concerto pour piano de Mozart, tant la pianiste portugaise fait des merveilles dans ce répertoire. A Tannay, elle a semblé légèrement en retrait, quand bien même sa sensibilité et sa finesse ont donné une couleur particulière à l’Adagio, alors que l’Allegro assai final s’est révélé splendide de virtuosité et d’élan. La Seconde Symphonie de Gounod a constitué le plat de résistance de la seconde moitié du concert. Si l’on ne peut que saluer la programmation d’une œuvre peu connue, force est toutefois de reconnaître que la partition du compositeur français n’est pas des plus inspirées, tant elle paraît académique et grandiloquente. Ecrit quatre ans avant Faust, l’ouvrage a néanmoins ceci d’intéressant qu’il fait déjà entendre plusieurs passages de l’opéra, rendus avec verve et dynamisme par le chef et ses musiciens. L’Orchestre de chambre de Bâle a offert en bis une exécution particulièrement humoristique de « La Poule » tirée de la suite Les Oiseaux d’Ottorino Respighi d’après une partition de Rameau, pour le plus grand bonheur d’un public visiblement ravi.
Claudio Poloni
|
