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Une jeune artiste prend son envol

Gstaad
Eglise de Rougemont
08/17/2022 -  
Johann Sebastian Bach : Partita pour violon n° 2, BWV 1004 (transcription Brahms)
Wolfgang Amadeus Mozart : Sonate pour piano n° 12 en fa majeur, K. 300k [332]
Alban Berg : 12 Variations sur un thème original
Johannes Brahms : Rhapsodies, opus 79

Pallavi Mahidhara (piano)


P. Mahidhara (© Raphaël Faux)


Quoi de plus exaltant que d’assister à un concert donné par un jeune musicien prometteur, au terme duquel on se dit qu’on vient très certainement de vivre l’envol d’une magnifique carrière ? C’est exactement ce qui s’est passé pour le récital de Pallavi Mahidhara à l’église de Rougemont, dans le cadre du Festival Menuhin de Gstaad. Cette jeune pianiste indo-américaine s’était déjà fait remarquer au Concours de Genève de 2014 en remportant le deuxième prix. Elève de l’Académie du Festival Menuhin en 2019 et 2020, elle a bénéficié des conseils d’András Schiff avant de donner un premier récital en matinée à Gstaad il y a deux ans. Elle revient aujourd’hui par la grande porte, avec un programme particulièrement exigeant, qui a mis en valeur son immense talent mais aussi sa personnalité.


Car il faut beaucoup d’aplomb et de tempérament pour commencer la soirée avec la monumentale Chaconne de la Deuxième Partita pour violon de Bach arrangée par Brahms pour la main gauche, une œuvre que Brahms lui-même considérait comme « le plus merveilleux, le plus extraordinaire morceau de musique ». La pianiste prend la partition à bras‑le‑corps, comme habitée par la musique. Sa puissance et sa force sont sidérantes, mais elle sait aussi faire preuve de finesse et de douceur et, toujours très droite devant son instrument, finit par plonger la petite église de Rougemont dans une gravité solennelle. L’atmosphère change du tout au tout avec la Douzième Sonate de Mozart. Le jeu est équilibré et plein d’énergie à la fois ; Pallavi Mahidhara va droit au but, la virtuosité est éblouissante, mais son Mozart semble encore un peu corseté et manquer de malice et d’espièglerie. Dans les 12 Variations sur un thème original d’Alban Berg, l’interprétation de Pallavi Mahidhara séduit par sa cohérence, signe de maîtrise. Mais c’est dans les deux Rhapsodies opus  79 que la pianiste se montre à son meilleur, faisant entendre au public un Brahms vibrant et virtuose, débordant de vie et de poésie. Un récital enthousiasmant par une jeune pianiste qui en impose déjà par sa musicalité et sa maturité, sans parler de sa technique et de sa virtuosité.


Ce concert dans l’église de Rougemont a été l’occasion de décerner à la talentueuse pianiste le Prix Olivier Berggruen 2022, premier du nom. Il s’agit d’une récompense dotée de 12 000 euros et d’un trophée ayant les traits malicieux d’un renard, conçu tout spécialement par l’artiste Mai‑Thu Perret, qui vit à Genève. Le prix porte le nom d’un mécène du Festival Menuhin, dont la famille a des attaches avec Gstaad depuis plusieurs générations. Au bénéfice d’une formation en histoire de l’art, ce généreux sponsor a eu l’idée originale de combiner prix en espèces et trophée, rendant ainsi hommage au talent de deux artistes de domaines totalement différents. Comme ce mécène est passionné de piano, il y a fort à parier que les prix qu’il décernera ces prochaines années iront à des pianistes, même s’il n’exclut pas de récompenser d’autres musiciens. Etant donné le calibre de la lauréate de ce premier prix, on attend d’ores et déjà avec beaucoup d’impatience de connaître les heureux gagnants des prochaines éditions.



Claudio Poloni

 

 

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