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Pour un public savant

Menton
Parvis de la basilique Saint-Michel Archange
08/05/2022 -  et 11  août 2022 (Edinburgh)
Jan Pieterszoon Sweelinck : Fantasia chromatica, SwWV 258
Carl Philipp Emanuel Bach : Fantaisie en do majeur, Wq 59/6
Wolfgang Amadeus Mozart : Fantaisie pour piano en do mineur, K. 475
Ludwig van Beethoven : Fantaisie en sol mineur, opus 77
Franz Liszt : Années de pèlerinage. Troisième année, S. 163 : 2. « Aux Cyprès de la Villa d’Este. Thrénodie (I) », 3. « Aux Cyprès de la Villa d’Este. Thrénodie (II) » & 4. « Les Jeux d’eaux à la Villa d’Este » – Années de pèlerinage. Première année (Suisse), S. 160 : 6. « Vallée d’Obermann »

Pierre‑Laurent Aimard (piano)


P.‑L. Aimard (© Marco Borggreve)


Pierre‑Laurent Aimard est un grand et respectable artiste qui a obtenu en 2017 le Prix Ernst von Siemens décerné à Munich, considéré par certains comme un Prix Nobel de la musique. Avant lui, seuls trois Français l’ont obtenu : Messiaen, Dutilleux, Boulez.


Il s’est produit au Festival de Menton sur le mythique parvis Saint‑Michel, qui domine la mer entre deux églises baroques. Le public était peu nombreux. Les programmes que propose Pierre-Laurent Aimard ne sont pas de ceux qui attirent les foules avides de concerts d’été divertissants et festifs ! Pierre‑Laurent Aimard s’adresse plutôt à un public savant. Et celui‑ci a tout lieu d’être satisfait.


Le pianiste enchaîna de manière continue, sans applaudissement, toute une série d’œuvres – comme si elles faisaient partie d’un parcours initiatique : fantaisie de Sweelinck (le vénérable compositeur du XVIe, du temps où le piano n’existait pas), sonate de Carl Philipp Emanuel Bach (du temps où le piano balbutiait), fantaisies de Mozart et Beethoven (du temps où le piano commençait à sérieusement s’imposer). Il déroula son programme avec méthode, sérieux, musicalité – avec le même soin qu’il met à jouer la musique contemporaine (il fut l’un des pianistes préférés de Boulez). Total respect !


La seconde partie du concert fut consacrée à Liszt – mais pas le Liszt le plus étincelant, celui des Années de pèlerinage, dans lequel s’enchaînèrent les « Cyprès » et les « Jeux d’eaux à la Villa d’Este », ainsi que la « Vallée d’Obermann ». Là encore, on était dans un parcours méditatif – ce qui n’empêchait pas Pierre‑Laurent Aimard d’enchaîner les traits et les octaves comme le plus brillant des virtuoses. Parcours méditatif et presque... « mystique ». Doit‑on rappeler que les célèbres « Jeux d’eaux à la Villa d’Este » ne sont pas qu’une œuvre « touristique » à la virtuosité superficielle mais comportent sur leur partition ce texte de l’Evangile selon saint Jean : « Celui qui boira de cette eau ne sera jamais plus altéré car l’eau que je lui donne ainsi sera pour lui source de vie éternelle ».


Lorsque vint le moment des bis, où généralement les solistes se laissent aller à des instants d’exubérance, Pierre‑Laurent Aimard fit entendre trois austères miniatures issues des Játékok (Jeux) de Kurtág. Chapeau, maître, mais franchement, pour un concert d’été, il y a plus festif !



André Peyrègne

 

 

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