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Une Cinquième de première Monaco Monte‑Carlo (Palais Princier) 08/04/2022 - Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Concerto pour piano n° 1 en si bémol majeur, opus 23
Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 5 en do mineur, opus 67 Beatrice Rana (piano)
Orchestre philharmonique de Monte‑Carlo, Jaap van Zweden (direction)
B. Rana (© Stéphane Danna)
Invité de marque aux concerts du Palais Princier de Monaco, le chef Jaap van Zweden, actuel directeur du Philharmonique de New York. Qu’a‑t‑il dirigé ? La Cinquième Symphonie de Beethoven. C’est avec cette même symphonie que fut inauguré il y a cent quatre‑vingts ans, le 7 décembre 1842, son actuel et prestigieux orchestre new‑yorkais.
C’est bien sûr le Philharmonique de Monte‑Carlo que, lors du concert à Monaco, il eut sous sa baguette. Direction nette, précise, maîtrisée. N’hésitant pas à raccourcir le point d’orgue qui figure sur la dernière des quatre célèbres notes du début (pom-pom-pom-pom !), il adopta dans l’ensemble des tempi plutôt rapides qui donnaient de l’élan à l’œuvre sans lui enlever de sa grandeur. Tout semblait à la fois vivant et rigoureux : phrasés, respirations, ponctuations, nuances, contrastes.
L’orchestre l’a suivi comme un seul homme, brillant à tous les pupitres, faisant sonner en pleine gloire le bataillon des cuivres, donnant un éclat particulier aux roulements de timbales, faisant bondir en une superbe envolée le groupe des violoncelles et des contrebasses dans le trio central du troisième mouvement. Cela donna une Cinquième de première !
Au programme figurait également « le » Concerto de Tchaïkovski. La pianiste Beatrice Rana, apparue dans une robe jaune qui lui donnait l’apparence d’un bouton d’or dans la forêt des habits noirs, n’en donna pas une interprétation flamboyante, mais sensible et maîtrisée. Elle énonçait certains thèmes de manière presque « classique » là où d’autres le font de façon exaltée. Son assurance et sa virtuosité étaient totales. Il fallait entendre le brio de ses gammes en octaves. Oh le beau et tourbillonnant prestissimo au centre du deuxième mouvement ! Il dégagea une soudaine lumière au‑dessus du tapis des violoncelles. Le final, ferme et bondissant, eut, lui aussi, belle allure sous les doigts de Melle Rana.
Avec la Cinquième de Beethoven et « le » Concerto de Tchaïkovski, on ne pouvait trouver programme plus « populaire ». Mais lorsque ces œuvres sont interprétées de la sorte, on ne se lasse pas de les entendre.
André Peyrègne
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