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Un Nabucco formidable pour les voix et la musique

Madrid
Teatro Real
07/05/2022 -  et 6*, 8, 9, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 18, 19, 20, 21, 22 juillet 2022
Giuseppe Verdi : Nabucco
Luca Salsi/George Gagnidze*/Gabriele Viviani/Luis Cansino (Nabucco), Michael Fabiano*/Eduardo Aladrén (Ismaele), Dmitry Belosselskiy/Roberto Tagliavini*/Alexander Vinogradov (Zaccaria), Anna Pirozzi/Saioa Hernández*/Oksana Dyka (Abigaille), Silvia Tro Santafé/Elena Maximova*/Aya Wakizono (Fenena), Simon Lim*/Felipe Bou (Le Grand Prêtre), Fabián Lara (Abdallo), Maribel Ortega (Anna)
Coro Titular del Teatro Real (Coro Intermezzo), Andrés Máspero (chef de chœur), Orquesta Titular del Teatro Real (Orquesta Sinfónica de Madrid), Nicola Luisotti*/Sergio Alapont (direction musicale)
Andreas Homoki (mise en scène), Wolfgang Gussmann (décors, costumes), Susana Mendoza (costumes), Franck Evin (lumières), Kinsun Chan (chorégraphie), Fabio Dietsche (dramaturgie)


S. Hernández, G. Gagnidze, E. Maximova (© Javier del Real/Teatro Real)


Nabucco, le troisième opéra du jeune Verdi, part des conventions en vigueur pour établir de nouveaux codes. Ce n’est pas un grand opéra, on renonce au grand spectacle de ballet, il n’y a presque pas d’histoire d’amour, et cela ressemble parfois à un oratorio – les grands opéras de Verdi sont à venir, sont encore loin : Don Carlos, Les Vêpres siciliennes, malgré l’apparition précoce des Lombards/Jérusalem. C’est un opéra modérément belcantiste, les airs et arie commencent à s’s’intégrer dans une plus grande continuité vocale. Le chœur a toujours un peu été un personnage par lui‑même. Mais depuis Nabucco et l’abondance d’ensembles solistes-chœur, le chœur aura très souvent la présence d’un personnage protagoniste. Le moment culminant est, certes, « Va pensiero », mais le compositeur ne pouvait pas savoir l’élan et le futur de cet hymne partant d’un pianto collectif, voire national. De même qu’il ne pouvait pas prévoir le grand succès de Nabucco, dans des moments pénibles de sa vie familiale. Verdi devient, après Nabucco, un compositeur incontournable. Trop incontournable : après Ernani commencent les années d’esclavage, de galera, typiques des compositeurs à une époque où les droits d’auteur ne sont pas reconnus – très souvent, ils ne sont payés qu’une fois, les royalties ne sont pas du tout normalisées. Cela change, pour Verdi et pas mal d’autres, avec la « trilogie » (Rigoletto, Le Trouvère, La Traviata). Malgré la beauté, avant tout, des ensembles, le côté « vulgaire » n’est pas absent (« Sia maledetto », entre autres), mais cela fait partie du lot verdien.


Par conséquent, il est juste de souligner tout d’abord le magnifique travail du Chœur du Teatro Real, dirigé par Andrés Máspero. Le chœur, toujours présent, chante, nuance, agit, évolue, danse. Dans cette histoire politique (lutte de pouvoir, coup d’Etat, souffrance du peuple juif en captivité) où il y a déjà une très verdienne relation père-fille, il y a une certaine confusion. On peut dire que la mise en scène – belle, avec comme décor un grand mur « roulant », sans atrezzo, sans accessoires, pas même une chaise –apporte encore sa part de confusion, mais le mouvement devenu chorégraphie a été soigné, frôlant la perfection. Les costumes des « Israélites » sont d’une beauté éclatante, tout comme le travail de coiffure des femmes et des voix féminines du chœur. La mise en scène de Homoki, reprise par Jodok Schweizer, met l’accent sur le côté politique de cette histoire pas du tout historique.


Le Géorgien George Gagnidze a campé un Nabucco à la voix pleine, dans la grande tradition des barytons profonds. Une agréable et étonnante surprise a été l’Abigaille de la Madrilène Saioa Hernández, soprano lyrique aux possibilités dramatiques – on pouvait parfois se demander s’il ne s’agissait pas d’une mezzo. Michael Fabiano est un ténor lyrique dont les capacités sont supérieures à son rôle en Ismaele, avec une capacité à chanter doucement qui ravit. Dans le rôle de Fenena, la mezzo russe Elena Maximova est souvent présente sur scène mais a une partie trop courte au regard de ses aptitudes avérées. Roberto Tagliavini, dans l’important rôle de Zaccaria, a mis en valeur un médium splendide, mais la partition exige beaucoup des graves à certains moments de l’action.


L’orchestre a été des plus remarquables par l’excellence de sa prestation et par la direction insurpassable de Nicola Luisotti. Celui‑ci démontre, encore une fois, sa grande catégorie de « maestro ».


Pour la première, « Va pensiero » a été bissé face à l’insistance du public. De même pour la deuxième représentation, avec une distribution de haut niveau où plusieurs des rôles principaux étaient confiés aux mêmes chanteurs. Côté musique : excellent. Côté scène : une certaine confusion, on l’a vu, il est vrai qu’on ne peut plus aujourd’hui ressusciter une Babylone inventée et habiller les Israélites comme des pasteurs de crèche.



Santiago Martín Bermúdez

 

 

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