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Notre Amérique München Herkulessaal 06/02/2022 - et 3* juin 2022 Ludwig van Beethoven : Concerto pour violon, opus 61
Aaron Copland : Symphonie n° 3 Julia Fischer (violon)
Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, Michael Tilson Thomas (direction) M. Tilson Thomas (© Astrid Ackermann)
Voici une soirée nous permet d’entendre l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise dans une œuvre américaine iconique. La Troisième Symphonie d’Aaron Copland est une rareté au concert, mais son dernier mouvement reprend des passages de Fanfare for the Common Man, œuvre emblématique du compositeur américain que nous connaissons tous.
Il y a dans le style de Copland une manière de travailler l’orchestre et de produire un son et des couleurs qui lui sont uniques. Il n’y a pas vraiment de tutti classiques comme on en trouve dans la musique allemande. Les bois sont souvent seuls tandis que cordes et cuivres sont souvent mélangés, ce qui, d’une certaine manière, convient bien au style et aux forces de cet orchestre dont la splendeur sonore est ici plus de mise que dans des pièces françaises ou dans la musique nordique.
Michael Tilson Thomas, l’ancien enfant prodige de la vie musical américaine qui avait bousculé tant d’institutions musicales pour célébrer les compositeurs de son pays et de son époque, a maintenant 77 ans et sort d’une opération assez grave. Il est touchant de le voir se déplacer de façon un peu attentive mais une fois installé sur le podium, nous avons devant nous toujours le même chef souriant, curieux et imaginatif.
On sent tout au long de la soirée la maîtrise du chef. Partition en main, la mise en place est impeccable et les équilibres sont très travaillés. On sent les musiciens très en confiance même s’ils sont en terrain nouveau. A une époque où les Etats‑Unis sont devenus un pays d’une extrême polarisation, où il est devenu quasiment illégal de parler de la communauté gay dans un certain Etat, cela fait tellement du bien de se rappeler que les Etats‑Unis sont aussi le pays d’Aaron Copland et de Michael Tilson Thomas.
La première partie nous permet d’entendre Julia Fischer dans le Concerto pour violon de Beethoven. Chef et soliste se connaissent et ont déjà joué ce concerto lorsque Michel Tilson Thomas était directeur musical de l’Orchestre symphonique de Londres. Il y a dans cette exécution une approche directe sans apprêt. Les artistes ne cherchent pas à théâtraliser la musique comme le font souvent certains musiciens inspirés par les pratiques baroques. Les tempi sont retenus voire confortables, mais les musiciens trouvent et conservent la pulsation que demande la musique de Beethoven. L’orchestre en formation de chambre est léger. Julia Fischer est très éloquente et ses aigus sont particulièrement lumineux. Très applaudi, la violoniste munichoise donne en bis le Treizième Caprice de Paganini, nous démontrant que derrière la virtuosité que demande l’œuvre se trouve décidément pas mal de musique.
La saison prochaine vient d’être annoncée et se trouve en ligne. Il s’agit à nouveau d’une saison de transition avant que Sir Simon Rattle prenne la direction artistique de l’orchestre. Elle est à nouveau très variée et verra se succéder le nec plus ultra des chefs de notre temps : Kirill Petrenko, Christian Thielemann, Daniel Harding, Iván Fischer, Lahav Shani... Rattle sera présent pour un seul programme, Siegfried en version de concert avec une superbe distribution, et je vous laisse découvrir qui chantera le rôle du Waldvogel...
Antoine Lévy-Leboyer
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